Le Petit Ouvrage du Bambesch !
Bonjour à tous !
Comme je l’ai indiqué dans ma présentation, je suis membre de l’association des Guides du Bambesch.
En parcourant le forum, j’ai vus que Simon a fait un remarquable exposé sur le Secteur Fortifié de Faulquemont et ses ouvrages, cela dis, je souhaite éditer un article sur le Bambesch qui j’espère sera intéressant, je vais également vous communiquer les dates d’ouvertures, si jamais vous avez des questions, je vous en prie, n’hésitez pas !
Le Bambesch est un petit ouvrage d’infanterie de type CORF, composé par 3 blocs de combats relié par galerie. Il tombera le 20 juin 1940.
La construction :
Les plans initiaux, datés au 10 octobre 1931 prévoient la construction de cinq blocs.
En 1932, commence la construction de 3 blocs de combat, les deux autres blocs restant (le bloc 4 où devait être installé une tourelle de 81 et le bloc 5 où devait se trouver une entrée séparée) devaient eux être commencer en 1941 lors d’une nouvelle phase de travaux, ils n’ont donc jamais étaient construit.
Le coût effectif de l’ouvrage fût de 11 millions d’anciens francs, sa construction a été effectuée par l’entreprise Borie de Paris.
Les différents Blocs :
Bloc 1 :
Chef de Bloc : Sergent-chef Caballero
Armement et cuirassement :
-Une tourelle de mitrailleuse transformée tardivement en arme mixte.
(Jumelage de mitrailleuse Reibel et un canon de 25 AC)
-Une cloche GFM type A.
(FM 24/29, mortier de 50mm, plus le matériel d’observation, périscope, épiscope, bloc jumelle)
Bloc 2 :
Chef de Bloc : Sergent-chef Grandin
Le Bloc 2 fût le bloc visé par l’attaque allemande du 20 juin 1940, vous pouvez voir sur la photo la façade ruinée et la cloche GFM presque déchaussée.
Armement et cuirassement :
-Une chambre de tir d’infanterie
(Canon de 47 AC, ainsi que deux jumelages de mitrailleuse Reibel)
-Une cloche GFM type A
-Une cloche Lance grenade, mais comme la plupart, le mortier de 60mm prévus n’a pas été installé.
Bloc 3 :
Chef de Bloc : Sous-lieutenant Régis
Le Bloc 3 présente de nombreux impact sur la façade, mais le mystère subsiste quand à qui les a réaliser.
Il existe deux versions :
-La première serait que les allemands auraient une fois l’ouvrage pris, reconstitué l’assaut, afin de réaliser un film de propagande.
-La deuxième serait que les américains aient tirés sur l’ouvrage pour une raison x ou y (présence de défenseurs ?) en novembre 1944 lors de la libérations de la région.
Armement et cuirassement :
-Une chambre de tir d’infanterie
(Canon de 47 AC, ainsi que deux jumelages de mitrailleuse Reibel)
-Deux cloches GFM type A
L’usine :
L’usine du Bambesch situé à un peu moins de 30m sous terre comporte deux groupes diesel Renault de 54CV et 6 cylindres, et d’un CLM (Compagnie Lilloise des Moteurs).
L’équipage :
L’ouvrage est occupé par le 3em bataillon du 146 Régiment d’infanterie de forteresse (qui reçoit l’appellation Régiment de Faulquemont le 8 août 1935) et également par un détachement du 4em Régiment du génie.
Théoriquement l’Ouvrage est censé être composé de 120 hommes (4 officiers compris) bien que ‘’seulement’’ 108 étaient présent au moment de la rédition du 20 juin 1940.
Le commandement de l’Ouvrage était le lieutenant André Pastre, secondé par le lieutenant Joseph Trunkenwald.
Les deux autres officiers étaient le Lieutenant Jacques Baudon, médecin de l’ouvrage et le Sous-lieutenant Etienne Régis, chef du Bloc 3.
Les journaux de marches du 146 RIF ont disparu en juin 1940, aussi nous ne pouvons trouver une liste complète des effectifs, cela dit, en parcourant les livres, en croisant les informations, ont arrive à dresser une liste assez sommaire des effectifs.
Si d’autres noms viennent à s’ajouter à ma liste, j’éditerai cet article régulièrement.
Lieutenant Pastre (Commandant)
Lieutenant Trunkenwald (Second)
Lieutenant Baudon (Médecin)
Sous-lieutenant Régis (Chef du Bloc 3)
Sergent-chef Caballero (Chef du Bloc 1)
Sergent Grandin (Chef du Bloc 2)
Sergent Rémy (Second chef du Bloc 2)
Sergent Pottecher (Chef de chambre de tir Bloc2)
Sergent Lecére (Second chef du Bloc 3)
Soldat Herblot (Servant de FM Bloc 3 blessé le 20 juin par un éclat aux poumons)
Adjudant Quetelard (Commandant le détachement du génie)
Sergent Maire (Spécialiste du génie)
Sergent-chef Redt
Sergent Brestel
Caporal Bempel
Caporal Camus
Soldat Le Quéméner
Soldat Quoix
Journal :
L’Ouvrage édité régulièrement un périodique pour la modique somme de 1 franc pour la troupe et de 2 francs pour les officiers : ‘’Le Coup de Bambi’’ en référence au village de Bambiderstroff à proximité duquel se trouve l’ouvrage.
Juin 1940, et la chute du Bambesch :
-15 juin :
Les hommes depuis le Bloc 2 du Bambesch assistent au sabotages des casemates ‘’Bambi’’ (Nord et Sud).
Les réserves de fuel de Bambi Nord sont incendiées et des flammes immenses s’élèvent au-dessus de la casemate.
Au soir le guetteur dans la GFM du B2 signale l’arrivé d’un détachement allemand qui vient selon toute probabilité en reconnaissance constater ce qui se passe à Bambi nord.
Le Sergent Rémy met le 47 en batterie, le Sergent Pottecher se place au jumelage et le FM est mis en position dans la GFM.
Un coup de 47 est tiré, débacle de la patrouille allemande qui laissera quelques tué, pris sous le feu des Reibel et du FM.
Comme dans beaucoup d’ouvrage du secteur, une section d’avant poste sera placé sur les dessus de l’ouvrage et d’autres non loin des blocs.
A 4H30, le Bloc 3 du Bambesch va repousser une section allemande tentant de déborder par le sud, une patrouille française menée par le Lieutenant Gangloff (second de l’ouvrage du Kerfent).
-16 juin :
Le Bambesch signale la présence de soldat allemand à proximité des réseaux de barbelés au sud du Bloc 3 du Kerfent.
La section d’avant poste du Bambesch est attaqué et doit décrocher pour regagner l’ouvrage, ce qui ne se fait pas sans difficultés.
Le Lieutenant Pastre demandera l’appuie du Kerfent qui une fois la section en sécurité, arrosera copieusement les abords du Bambesch.
L’angoisse commence à se faire grandement ressentir, car le commandant Denoix à Laudrefang, indique que l’ennemi venant de la trouée de la Sarre est sur ses arrières., le Mottenberg indique que l’ennemi vient cette fois probablement du Luxembourg, et est en train de contourner la Ligne.
L’étau se resserre sur le Secteur Fortifié de Faulquemont et on commence à se demander si l’évacuation prévue le lendemain au soir pourra avoir lieu.
-17 juin :
Les préparatifs pour l’évacuation prévue pour le soir sont en cours, les hommes préparent les paquetages etc.
Des patrouilles tentent d’accéder aux arrières de l’ouvrage, elles sont rapidement fixées par des allemands surveillant les arrières du Bambesch.
On apprend par Denoix qui téléphone depuis Laudrefang pour informer qu’il y a un contrordre : L’évacuation est annulé, il faut tenir, nous sommes encerclés.
Le discours de Pétain est entendu par les troupes de forteresses, le moral est bas, mais cela n’entament en rien leur volonté de résistance.
Les allemands tentent un coup de main sur le Kerfent vers 22h, aussitôt tout les blocs de ce dernier, ainsi que le Bambesch, la casemate sud du Mottenberg et le Mottenberg (SF de Boulay) déchaîne un enfer de feu et d’acier sur les attaquants qui se replie rapidement.
Certains officiers trouvent la coïncidence louche (Gangloff du Kerfent notamment), en effet les allemands présents en masse le 17 juin à 22h aux abords de l’ouvrage, heure à laquelle étaient censé évacué les ouvrages…les allemands étaient ils au courant de l’avant dernier ordre reçu ?
-18 juin :
La journée est relativement calme, on devine que des patrouilles ennemies se sont réfugiés à la ferme situé à proximité de la crête dominant le route Metz Sarrebruck, à porté de tir du Bloc 3 du Bambesch. On décide la destruction du bâtiment, à coup de 47, 25 et de mortier de 50.
Le Bambesch participe avec d’autres ouvrages à des tirs de harcèlement sur les villages environnant (Longeville, Bambiderstroff).
-19 juin :
Appel du Kerfent, indiquant que l’ennemi à découvert certaine boîte de coupure.
20 juin : La chute du Bambesch
Au matin, l’artillerie allemande se déchaîne sur les ouvrages du SFF, visant particulièrement, le Bambesch et le Bloc 3 de Laudrefang.
Le Lieutenant Vaillant (commandant l’ouvrage de l’Einseling) envoie une patrouille sous le commandement du Caporal Roy, ayant pour mission de se porter à proximité de la route de Bambiderstroff, le but est de repérer les pièces d’artillerie faisant feu.
La patrouille trouve une première batterie à proximité de la vallée de l’Albach, une deuxième sur la route de Dorviller à Bambiderstroff.
Cette patrouille est au retour prise à partie par une mitrailleuse situé sur la cote 400, Roy et ses hommes rentrent à l’Einseling sans perte et transmettent leurs informations à Vaillant qui les communique immédiatement à Laudrefang et au Bambesch.
Les attaquants allemands place un ou deux 88 FLAK et des 37 PAK dans un angle mort entre 500 et 1000m du Bloc 2 du Bambesch. La casemate Bambi Nord évacué, l’Einseling trop loin, les mortiers de 81 de Laudrefang trop loin, les allemands sont indélogeables.
Vers midi et demi, le bombardement final commence.
Après une après-midi de tir intensif, les canons vont percé le Bloc 2, pulvériser la visière, déchaussé la cloche GFM et défoncé un créneau FM.
Le Bloc 2 est vaincu, ce dernier sera évacué, au fond les portes sas sont fermés, la porte blindé également et le FM engagé, pour pouvoir défendre le casernement si jamais ils passaient par la tête aux allemands de descendre, en s’infiltrant par le Bloc 2.
Le Bloc 3 est lui aussi attaqué, le Soldat Herblot est blessé aux poumons par un éclat d’obus, le bloc s’enfume, l’air devient irrespirable.
La tourelle pour arme mixte au Bloc 1 est HS, touché par un coup au but alors qu’elle était en batterie, cette dernière se bloque.
L’aération au Bloc 1 et 3 est HS, on suffoque, impossible de la remettre en marche.
Depuis toutes les armes encore en état de tirer, les défenseurs du Bambesch continuent la lutte et se battent désespérément contre l’ennemi.
La situation est dramatique, le Kerfent tente vainement de défendre son voisin, mais ne parvient que à gêner sommairement les assaillants.
Fait alarmant, Baudon graçe à un appareil spécial se rend compte que le taux de CO monte dangereusement, l’air devient irrespirable.
Pastre réunit ses officiers, et à l’unanimité, on choisi de se rendre, car Paris est pris depuis 6 jours (14 juin), Pétain à la radio le 17 parle d’une armistice, de plus le sort des combattants de la Ferté était connu de tous, et quoi que les officiers décident, le Bambesch est malheureusement totalement perdu, dans ce cas peut on sacrifier 108 hommes, les condamnées à l’asphyxie alors qu’ils on accompli leur devoir jusqu’au bout ? Non !
Pastre prend donc la lourde décision de se rendre, l’honneur reste sauf, l’ouvrage aura combattu jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême limite de ces capacités.
Attention, les témoignages concernant la façon exacte dont eu lieu la rédition de l’ouvrage sont variés, la plus probable est la suivante :
A 19h00, le Lieutenant Trunkenwald (du fait qu’il était, germanophone, prêtre ((donc célibataire)) et officier en second de l’ouvrage) ainsi que le Sergent-chef Redt (germanophone et son nom revient dans beaucoup de version) gravissent l’escalier du Bloc 3.
Un drapeau blanc est hissé par l’orifice du périscope d’une GFM.
Trunkenwald et Redt sortent du Bloc, pendant qu’un des deux reste en otage, l’autre redescend chercher ses camarades.
Les hommes sortent, certains discutent avec les allemands, puis c’est le départ vers 5 ans de stalag.
Les officiers du Bambesch sont conduit au siège du charbonnages de Faulquemont au PC de l’Oberst von Lichtenstern ( ce dernier mourra le lendemain 21 juin, à la tête de ses hommes devant le Kerfent) pour être interrogé avant de partir vers un oflag.
Pastre, Régis et Baudon ont probablement passé 5 ans en oflag, pour Trunkenwald en revanche, il est sorti au bout d’un an car il était alsacien/lorrain.
Le Bambesch déplorera trois blessés graves, dont un mortel (guetteur de la cloche GFM du Bloc 2, mort de ses blessures en captivité le 22 juin).
Voilà pour ce qui est de la présentation de l’ouvrage du Bambesch, j’espère que vous trouverez cet article instructif !! :D
Source :
* Raymond Simon ‘’Les hauts de Faulquemont’’
* Raymond Gangloff ‘’La tragédie de la Ligne Maginot’’
*Roger Bruge ‘’On a livré la Linge Maginot’’
*Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel ‘’Hommes et Ouvrages de la Ligne Maginot’’ T. 1 et 3
*Témoignage d’Albéric Vaillant
*Témoignage du neveu de Joseph Trunkenwald