Bonjour à tous,
Mes recherches à Vincennes... sauf erreur de ma part, voilà ce que j'ai trouvé sur le parcours de mon grand-père jusqu'à ce qu'il soit fait prisonnier:
Soldat de 2ème classe, Jean-Baptiste, âgé de 38 ans en 1939, appartient au 442ème régiment de pionniers. Les pionniers sont en général des hommes des classes anciennes 35-40 ans et ils sont chargés d'effectuer des travaux d'organisation du terrain (construction d'obstacles défensifs, fortification d'une zone, de ponts, de dépôts de munitions et de carburant, coupes de bois, etc.). Ils sont faiblement armés et très souvent avec du matériel antédiluvien et sont peu aptes à combattre.
Il existe des régiments de pionniers R.P. d'armée et de réserve générale (série des numéros 400) et des régiments de pionniers de corps d'armée (série des numéro 600) Le 442ème régiment de pionniers, dont fait partie Jean-Baptiste, formé le 7 septembre est désigné de réserve générale ; il est placé sous l'autorité du colonel Moreau. Il est rattaché pour l'administration au dépôt de guerre d'infanterie N°133 à Montluçon. Il comprend 12 compagnies, soit un total de 30 officiers, 2 529 soldats et 138 chevaux.
Le registre allemand des prisonniers de guerre consigne que Jean-Baptiste appartient à la 12ème compagnie du 442ème de R.P. "Régiment de Pionniers". Le 442ème R.P. se compose de 3 bataillons chacun d'eux comprenant 4 compagnies. Tous les officiers qui le commandent sont issus de la réserve, donc se sont d'anciens militaires ou civils ? qui participaient avant la mobilisation générale de 1939 à des entrainements militaires. Ils sont donc moins entrainés que les militaires en activité.
La 12ème compagnie est celle qui compte le moins de soldats (158). Elle a un seul officier, capitaine nommé Bottier et a comme sous-officiers : 1 adjudant-chef, 2 sergents chefs, 8 sergents, 1 caporal-chef et 14 caporaux. En outre, elle dispose de 6 chevaux . Elle est rattachée, avec les compagnies 9,10 et 11, au 3ème bataillon du 442ème R.P qui est commandé par le colonel commandant Louis Jabin et a pour médecin le Dr Sauze .
Le CMI (Centre Mobilisateur d’Infanterie) du 442e régiment de pionniers (RP) est le numéro 133, ce qui correspond à la 13e région militaire , avec pour casernements et dépendances : Clermont-Ferrand , Montluçon , Roanne et Guéret . C’est à Montluçon que Jean-Baptiste est allé lorsqu'il est mobilisé.
Fin septembre 1939, Jean-Baptiste est à Calmoutier (Haute-Saône) comme on peut le déduire de la note de service du Général Fabre en date du 29 septembre 1939 qui demande qu'une compagnie du III/442 (c'est-à-dire 3ème bataillon du 442 R.P.) soit mise à la disposition du Commandant du Parc du Génie à Ronchamp...
Selon l'annexe du rapport journalier du 442ème R.P. en date du 22 mai 1940, la 12ème compagnie reçoit l'ordre de rester à la position qu'elle occupe le 21 mai soit au fort de Génicourt, dans la Meuse, il est précisé que la décision de mouvement est annulée . Ce fort, situé à 200 kilomètres de Compiègne, est un fort "rideau" ainsi nommé car situé entre les localités de Toul et de Verdun, il permet ainsi de les relier, ce qui explique son rôle durant la 1ère guerre mondiale . Ignorant le nombre de jours où la 12ème compagnie est restée au fort Génicourt, on ne peut savoir s'il a été un lieu de bivouac ou un lieu pour lequel les soldats de la 12ème compagnie ont accompli des travaux.
Jean-Baptiste n'aurait pas dû combattre mais les impératifs de la situation de mai et juin 1940 conduisent le commandement à utiliser les régiments de pionniers comme infanterie d'appoint. Ainsi le 442e RP est affecté au XXIVe corps d’armée (de la 7e Armée commandée par le général Frère) le 03/06/1940 et le reste jusqu’au 25/06/1940 (armistice).
Le 442e RP est réparti à raison d'un bataillon par division dans les 3 divisions du XXIV corps d'armée, sous le commandement du colonel Fougère :
la 3ème Division Légère d'Infanterie DLI sous les ordres du général Duchemin,
la 23ème division d'infanterie DI dirigée par le général Jeannel,
la 57ème division d'infanterie DI.
Le 3 juin 1940, le 442ème R.P. a pour tâche "l'organisation et de la défense des passages du Nord face à l'Est entre Ercheu et le passage de la route Catigny-Chevilly [Oise]" .
Le 5 juin, le 442ème R.P. stationne à Salency dans l'Oise. "Attaque ennemie au Nord de l'Oise stoppée. Réduction le soir de poches à Eppeville (3ème DLI) Liez et Ternier (23ème D.I.). Progression ennemie au sud de l'Oise…" .
C'est à cette date que Paul Reynaud nomme le Général de Gaulle Sous-Secrétaire d'État à la guerre. En trois jours, les lignes françaises dans la Somme et l’Aisne sont enfoncées.
" Le 6 juin … contre attaque de la 23ème D.I. et reprise de Morlincourt. Repli à la nuit des 3ème D.L.I. et 23ème D.I. sur la ligne Breuil Grécourt [distance de 5 kms] (3ème DLI), Appilly, canal latéral de l'Oise [distance de 9 kms] (23ème DI).
Le 7 juin , pression ennemie au Nord-Sud sur le 1er C.A. [Corps d’Armée] … et sur le XXIV C.A. dans la direction Est-Ouest vers Noyon. Perte de Morlincourt, Mont Saint Siméon, Salency. Repli difficile le soir de la 23 D.I. sur Thiescourt, Pont-l’Évêque, puis de la 3ème D.L.I.
Le 8 juin, … regroupement de la 3ème D.L.I. sur Plessier de Roye, Gury, Aicquebourg en vue couverture flanc gauche… Repli général à la nuit l'Oise sous couverture de la 23ème D.I., installée sur l'Aronde de Monchy-Humières à Compiègne.
Le 9 juin, poursuite du repli…La 3ème D.L.I. s'organise définitivement à Crépy-en -Valois et Morienval. La 23ème D.I. couvre le repli en défendant une tête de pont à Compiègne, puis se replie par les ponts de la Croix-Saint-Ouen et Verberie….
Le 10 juin, infiltrations ennemies à Verberie…" .
À partir du 10 juin, toute l'armée française est désorganisée et bat en retraite sur tous les fronts du territoire.
Jean-Baptiste est fait prisonnier le 10 juin 1940 dans la forêt de Compiègne.
Questions:
* L'un d'entre vous sait-il si les officiers de la réserve en 1939 pouvaient-être des civils comme aujourd'hui?
* En 1967, avec mes parents nous avons accompagné mes grands-parents à Compiègne et j'ai plusieurs photos de l'endroit précis où mon grand-père a été capturé en 1940. En 1967, il y avait dans la forêt à plusieurs endroits des chars. Je suis revenue en 2019 à Compiègne, plus de char dans la forêt. Je me suis renseignée à plusieurs endroits; une personne m'a dit qu'ils avaient été donnés à différents musées mais elle ignorait où ils se trouvaient dans la forêt. Quelqu'un a t-il la réponse
* Je pense que mon grand-père a été conduit au camp de Royallieu, Frontstalag 170 mais les listes des internés selon ce que j'ai pu recueillir comme information, auraient toutes été détruites à la fin de la guerre par les Allemands.C'est tout à fait plausible mais est-ce exact?
Tout renseignement complémentaire serait super
Brigitte
P.S.: aux archives de Vincennes, j'ai photographié plusieurs documents sur le 442e RP... si cela intéresse quelqu’un il ne faut pas hésiter