Bonjour,
Il y a quelques mois une longue discussion a découlé d’une photo sur l’usage de la stadia pour le tir anti aérien avec l’arme d’épaule sur la page
FB de la Hure.
Afin d’en faire profiter le grand nombre et d’enrichir la discussion je lance ce fil sur le forum.
Cela permettra, lors des reconstitutions, d’expliquer avec de la documentation à l’appui, quelles sont les procédés enseignés à l’époque.
Les documents ci-dessous proviennent de ma collection de manuels militaires et des archives fédérales à Berne cotées J.2-91 et ses sous-dossiers.
Pour mémoire. J’ai partagé quelques pages de la notice sur le FM, édition 1940, concernant la Stadia. Ici il est question de son usage pratique pour le tir FM.
Puis, quelques pages sur la Stadia de la notice provisoire sur l’instruction du tir contre avions, édition 1938. Là il est question d’utiliser la stadia pour apprendre à évaluer les distances. C'est la stadia pour mitrailleuse.
La stadia est un instrument fabriqué dans les corps de troupe.
Elle semble être toujours en possession du chef de pièce ou du gradé.
Afin que le soldat soit autonome dans le tir contre les avions volant bas, notre état-major a mis au point des dispositif adaptable sur toutes les armes d’épaules .Les différents modèles sont présentés dans le bulletin d'informations sur les études et le matériel du 15/04/1940. Vincent (110e RI) avait déjà
partagé l’image du dispositif pour le Mas 36. Dans la pratique il semble que ces dispositifs ne sont pas distribués en 1940.
Afin d’enrichir faire la discussion sur la pratique du tir anti-aérien avec les armes portatives, FM et mitrailleuse, je vous livre ces différentes documents d’époque. Ils sont dédiés entièrement ou partiellement au sujet. Instructions de tirsÉmanant du 52e GRDI, dès novembre 1939, on a ici document complet sur les instructions de tir contre avions avec toutes les armes de petit calibre. On retiendra que, pour les fusils et les mousquetons, le tir est effectué par un groupe d’hommes sélectionnés au niveau de la section. C’est le tir par salves.
Dans ce document daté du 13 mai, estampillé « secret » Il est dans un premier temps question de commenter brièvement le tir contre avions dans l’armée allemande.La seconde partie du document reprend les éléments du tir contres avions avec armes d ‘épaule. On retiendra qu’apparemment l’armée allemande pratiquait aussi ce type de tir.
Ci-après se trouve, daté du 31 mai, ce document émanant du 159e RAP. Les pages 1 et 2 sont celles qui nous intéressent le plus. Là il est question du tir individuel au sein de l’unité sans idée de tir groupée et dirigée. A la page 3 il est fait état du tir anti-aérien par unités non spécialisée. La DCA est l’apanage des régiments d’artillerie dans la série 400.
Puis on retrouve une partie du même document, l’essentiel, tamponné « 211e RI ».
le tir en gerbe et tir isolé
Alors que la bataille de France s’engage et que la supériorité aérienne ennemie se fait bien sentir, on trouve l’idée du tir en gerbe dans cette instruction de la 8e armée datée du 17 mai déclinées pour trois unités distinctes. Le tir en gerbe ici ne nécessite de sélectionner les tireurs et ne nécessite pas de viser précisément. C’est la masse de balles tirée vers l’avion qui fait effet. Et tous les personnels doivent être entraînés à tirer dans la même direction.
Peut-être est-ce l’attaque relaté dans le document du XXXIVe corps d’armée de forteresse qui provoque la rédaction de l’instruction sur le tir en gerbe.
Même isolé le militaire se doit de tirer vers l’aviation ennemie comme c’est indiqué ici.
la protection du cantonnementLa DCA au cantonnement est également présente dans ces documents du 52e GRDI. Datant de fin mai pour l’un et début juin 1940 pour l’autre.
restrictions de tirs Néanmoins il existe quand même des restrictions de tirs. Car des méprises ont déjà eut lieu pendant les débuts de la bataille de France.
En conclusion, le tir contre avions avec armes d’épaule est de mise pour toutes les formations de première ligne dès le début de la guerre en 1939. Dans ces formations un groupe d’hommes est désigné de par ses aptitudes pour diriger un tir par salves afin d’abattre l’avion ennemi.A compter du 10 mai et de l’évidente supériorité aérienne de la Luftwaffe dans la l’attaque au sol, la mesure de tir par armes d’épaule est réaffirmée. Cette fois ce sont tous les militaires quelques soient leurs fonctions qui se doivent de tirer en masse; tir par gerbe.A mon avis, il faut retirer de cette pratique enseignée deux choses. D’abord, cela agit sur le moral du soldat. En tirant en groupe vers la menace il est acteur de sa propre protection et de la protection collective du groupe. Il ne subit pas.Dans la réalité, ce subissement de l’attaque est constaté dès début mai. D’où l’insistance du tir par tous les personnels. Ensuite, on peut légitiment douter qu’un tir par salves soit d’une grande efficacité. Les conditions ne pouvant toujours être idéales. Par contre une gerbe de balles répétées et bien dirigées peut obliger un avion volant à basse altitude à se détourner de son objectif et à gâcher ses munitions. Cela mettant en échec l’attaque. Ce qui a aussi un effet positif.