voici un topo sur ce stalag que j'ai complété avec des infos récupérées sur ce forum...
Stalag VB de Villingen (Schwemmingen).
Région militaire V
Les documents sur ce camp sont assez rares. Ce stalag était installé dans la région du Bade-Wurtemberg allemand sur les pentes de la Forêt Noire, à 750 mètres d’altitude. Situé aux abords de Villingen et à 40km de Fribourg-en-Brisgau, il n’est distant que d’environ 40km de la frontière suisse. C’est pour cette raison qu’en 1941, il était réputé comme l’un des plus fertiles en évasions, en raison de la proximité de la poche de Schaffhouse, qui réduisait considérablement la distance avec la frontière de la liberté. Villingen se trouve proche des sources du Danube et possédait une station de sports d’hiver. Les PG y étaient parfois envoyé, d’après certains témoignages et photos. Le chiffre V signifie qu’il dépendait de la région militaire n° V (Sud-ouest de l’Allemagne), ayant comme administration centrale : Stuttgart. Avant son ouverture en avril 1940, il existait un camp pour une courte période à Zimmern, près de Rottweil. Tous les stalags ont été construits selon un plan uniforme avec des bâtisses en bois sur fondations en béton, le VB possédait également deux bâtisses en maçonnerie de briques, avec des poêles à bois en fonte, où logent des prisonniers attachés au camp, puis ces bâtiments serviront de magasin. Les PG logeaient dans ces baraquements divisés en chambres, dont les lits étaient rangés sur un coté, les tables et tabourets de l’autre. Des placards rangés le long du mur, permettaient aux prisonniers de ranger leurs affaires. Entre les baraques, les prisonniers avaient aménagé des jardins potagers (après 1940-1941 ?). D’autres hébergements existaient près du camp, dans une ancienne fabrique.
Région V, complète :
Stalag V-A: Ludwigsburg.
Stalag V-B: Villingen.
Stalag V-C: Wildberg (Offenbourg).
Stalag V-D: Strasbourg.
Stalag Luft V: Halle/Saale.
Oflag V-A: Weinsberg.
Oflag V-B: Biberach.
Oflag V-C: Wurzach
La garde :
Les personnels composant la garde de ce camp, appartiennent à l’unité ‘‘Landesschützenbataillon’’ de Rottweil ou au ‘‘Landesschützenregimen’’ de Donaueschingen. Ces hommes de plus de 40 ans, étaient trop âgés pour être incorporés dans la Wehrmacht, ou présentaient une inaptitude au combat. Ils étaient assistés dans leur tâche par les habitants originaires du lieu, habitants les villages aux alentours. Les différents dirigeants du camp nous sont actuellement inconnus dans leur intégralité, les archives furent brûlées en 1945, lors de l’avance de la 1ère armée française du général de Lattre. Mais en se référant aux trois « avis contre les évasions » édités par le commandant de ce stalag et publiés dans le livre d’Yves Durand (« La captivité, histoire des prisonniers de guerre français 1939-1945 ». Yves Durant, éditions de la fédération nationale, combattants, prisonniers de guerre et combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc, 1980. 542 pages) nous pouvons lire : Barten, major (commandant). Par contre, un de ces responsables est bien connu, il s’agit de l’hauptmann Goetz (capitaine) en poste au VB, de mai 1941 à avril 1945 et de son adjoint, le sous-officier Klein.
Population carcérale :
Le camp hébergea environ 30 000 personnes durant son activité comprise entre le mois d’avril 1940 et janvier 1945. En 1941, il compte 15 000 prisonniers. En juillet 1944, 9 044 et en septembre 1944, 16 843 hommes dont 12 760 français. Il a accueilli des prisonniers de guerre, anglais, écossais, canadiens, serbes, polonais, ukrainiens, russes et effectivement des français, dont de nombreux corses. Beaucoup de prisonniers français sont libérés en 1942 grâce au S.T.O. instauré par le gouvernement de Vichy. Cette obligation de travailler en Allemagne concernait les civils à partir d’un certain âge. Ces derniers n’étaient pas placés dans des camps comme les militaires, mais vivaient chez l’habitant. En 1943, le camp commence à « héberger » des prisonniers italiens En décembre 1944, les PG du stalag VC (Offenbourg) sont transférés au camp. En 1945-46, le stalag est utilisé comme centre de rapatriement, puis centre d’accueil pour les réfugiés d’Allemagne de l’Est, ensuite il est en grande partie détruit. Le terrain appartenait à l’armée française, au moins jusqu’en 2000 (année des rétrocessions de terrain à l’Allemagne), qu’elle utilisait en temps que caserne (Kaserne Richthofenstr, Waldkasern).
Les emplois:
À peine arrivés au camp et après avoir reçu leur numéro d’immatriculation (en dehors des transférés d’autres stalags ou oflags), les P.G. sont dirigés vers un lieu de travail en Arbeitskommandos, sans véritable critère de sélection, en début de captivité. L’emploi le plus répandu est certainement le travail agricole. Les P.G. se disent volontiers cultivateurs, afin de pouvoir sortir des barbelés et échapper aux affres de la faim. Ceci leur permettait également d’oublier ou d’échapper à la rumination quotidienne de leur malheur. S’intéresser à son travail pour ne plus penser à autre chose… Jusqu’en 1942, les P.G. sont essentiellement employés dans des kommando d’agriculture. Les témoignages précisent qu’à l’automne 1941, les prisonniers effectuant ce travail dans les champs de pomme de terre, dormaient sur les exploitations. L’hiver, ils déblayaient des routes ; « des kommando se rendaient à Donaueschingen afin de réaliser le drainage des routes ». Plus tard, ils sont envoyés dans les usines des environs (l’usine SABA-RADIO n’est qu’a une centaine de mètres, du camp principal de Villingen), également sous forme de Kommando : les ‘‘Kommando d’allmendingen’’. Ces usines d’horlogerie fabriquaient des instruments de précision pour la Luftwaffe et les U-Boot. Elles fabriquaient également des détonateurs et autres pièces de précision en métal. L’usine SABA-RADIO possédait, avant guerre, la Waldkasern, sorte de camp annexe situé à une centaine de mètre du camp principal. Grand bâtiment en pierre et en maçonnerie, elle héberge au début de la guerre les Hitlerjungend, puis en avril 1940 les premiers prisonniers de guerre (environ 500 personnes), le temps de la construction fin 1940-début 1941, du stalag VB. Elle possédait une infirmerie, des cellules, des chambres de préventionnaires pour les suspects et les évadés en attente de départ pour le camp disciplinaire de Heuberg. D’autres usines employaient les P.G. pour la fabrication de ciment, de textile (usine d’Onsettingen) ou de l’aluminium. Ce sont les employeurs qui viennent parfois eux même au camp, choisir leur main-d’œuvre. Fin 1940, tous les P.G. sont répartis à travers la région, dans les villages et les fermes alentours. Au sein du camp, ne restent que les prisonniers destinés à assurer les services, souvent ce sont des sous-officiers réussissant à s’incruster sur place. Ces « Bau-Kommando » étaient chargés de la construction, de l’aménagement et de l’entretien du VB.
Principaux Kommandos : (orthographe parfois approximatif)
Sans date : Kommando à Spaichingen (dépandant du Stalag VB de Villingen)
Avant 1944 :
N° ? : Usine OPEL-TAUBERT Stolbecker- strasse 1 : Tilsit (Prusse orientale).
N° ? : Usine SABA-RADIO
N° ? : Usine d’Onsettingen
En 1944 :
7000, 7001 : Heuberg.
7036, 29022/2, 29024, 29025, 29026: Ulm.
7045, 10017, 20006: Ebingen.
7107, 28414: Vöhrenbach.
7137, 7717, 28006/1, 28029: Villingen.
7201, 7209, 22006, 22010, 22017, 22022: Tuttlingen.
7717: Theningen.
7801, 22004: Schwenningen.
10019, 10002, 20008: Taillingen.
10410: Hechingen.
11013: Strassberg.
11095: Sigmaringen.
20010: Strassberg.
20017 : Onstmettingen.
21001 : Lauchertal.
23000, 23001 : Emmendingen.
24035 : près de Freiburg.
26703 : Stetten.
29001: Erlingen
29020: Kuhberg-Ulm
29022/1: Gansewiese-Ulm
Répression:
Proche de Stetten, il existait un camp spécial : le camp disciplinaire de Heuberg. Il fut construit à 800 m d’altitude sur un plateau rocailleux où les prisonniers de guerre pouvaient apercevoir la ligne des sommets enneigés suisses.
Les prisonniers condamnés par le tribunal interne du stalag VB, y purgeaient une peine de deux à trois mois, voir dix huit mois dans des conditions que nous pouvons imaginer... Ce tribunal interne placé sous l’autorité du colonel commandant l’ensemble du stalag VB, faisait office de conseil de guerre. Certains noms des membres y siégeant, nous sont parvenus. (« Histoire du temps perdu », collectif. Édition à compte d’auteur : ‘‘les captifs de la Forêt Noire’’, 68 rue de la chaussée d’Antin, Paris, 1950. 256 pp.) : Teufel, était chargé des enquêtes pour tenter de retrouver les fuyards. Fricke, officier de justice et avocat général, en fonction au camp après mars-avril 1942, était chargé d’instruire les affaires et d’établir les procès-verbaux qu’il transmettait au conseil de guerre. Pour cela, il était adjoint de deux secrétaires. Schandelmeyer, officier et avocat, était chargé de défendre les P.G. devant le conseil de guerre. Les inculpations concernaient principalement les tentatives d’évasions, mais également le refus de travail dans les usines d’armement, les agressions sur les sentinelles, les vols de denrées alimentaires (aux allemands)…etc. Des évadés repris ont été envoyés au XI B
Témoignage :
…Jetés dans des wagons à bestiaux avec d’autres détenus, ils sont emmenés à Villingen (Allemagne) dans le camp de prisonniers «Stalag VB». «Je deviens le matricule no 859 et suis affecté à la construction d’un tunnel », explique M. Bernard Ils travaillent douze heures par jour, sept jours par semaine. «Après quelques mois, nous avons obtenu le dimanche comme jour de repos», concède-t-il. «Nous étions répartis par baraquements de 50 à 100 hommes. Nous dormions sur des banquettes en bois, avec pour matelas une mince paillasse. Question nourriture, c’était soupe de légumes. Rarement de la viande… »
« …À chaque évasion constatée, tous les prisonniers étaient privés de lettres et colis pendant un mois….» Marcel Bernard (s’évade le 8 septembre 1941 du VB)
Libération du camp :
Le stalag VB est libéré le 20 avril 1945, après la fuite d’une grande partie de son encadrement allemand.
Dès le matin, sur ordre, de nombreuses colonnes de prisonniers russes encadrées par des sentinelles allemandes armées, se dirigent vers la Suisse. A 19 h, l’hauptmann Goetz s’enfuit à vélo, sac tyrolien au dos, révolver au ceinturon, mitraillette en bandoulière, coiffé d’une casquette souple et casque accroché au guidon, par les bois à la sortie de Villingen et suivant la dernière colonne… Durant la journée du 20 avril, les P.G. s’efforcent de rester calme et de ne prendre aucune initiative prématurée, contre l’autorité encore présente. A 22 h, les chars de la 2e D.I.M. sont présents aux abords de la ville de Villingen et ne tardent pas à engager le combat avec quelques résidus de la Wehrmacht. Pendant ce temps, le Sturmbannführer (commandant SS) Schindler qui assure le remplacement du commandemant du camp, se rend. Aussitôt les sentinelles mettent bas les armes et une section complète ainsi que quelques officiers, sont fait prisonniers par les P.G. Le 21 avril, derrière l’église de Villingen, un des chars est atteint par un panzerfaust dans sa tourelle. Le samedi 22 avril au soir, l’infanterie française arrive et est accueillie par des tirs d’éléments ennemis cachés dans les maisons de la ville. Aidée par des P.G. désormais libérés et armés répandus en ville, le maire ne tarde pas à faire élever des drapeaux blancs sur tous les bâtiments. Dès le 25 avril, le rapatriement des P.G. commence à pied et par leurs propres moyens. Parmi ceux-ci, certains parlant allemand, sont réquisitionnés par le C.Q.G. afin d’occuper des postes de surveillance et d’administration. Ils sont également nommés chef de district ou occupent des postes de choix. Aux alentours de Villingen dans les plus importantes bourgades, ils sont chargés de la recherche des nazis. Perquisitions et arrestations sont nombreuses et en dix jours, le stalag VB est à nouveau rempli, mais cette fois on parle allemand à l’intérieur des barbelés. Ils peuvent ainsi mettre la main sur Goetz*, que le contre espionnage français à découvert en train de labourer un champ
*
Avant 1950, Goetz est condamné par le tribunal français de Freiburg-en-Brisgau à 5 ans d’emprisonnement, selon la loi n°10 sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Fricke, après la guerre à travaillé comme conseiller financier à la maison Hohner à Baden-Baden, mais il est rattrapé par son passé et écope d’une peine de vingt mois de prison, lors du même procès. Sources (principales):
« Documentation sur les camps de prisonniers de guerre ». Ministère de la guerre, Etat-Major de l’armée, 5e Bureau. 1944. (introuvable)
« Stalag VB (AA 252) ». Archives Paul ROLAND, ’’homme de confiance’’ du Stalag VB. Comptabilité, correspondance. 2 portefeuilles, 1940-1945. (Non consulté)
« Histoire du temps perdu », collectif. Edition à compte d’auteur : ‘‘les captifs de la Forêt Noire’’, 68 rue de la chaussée d’Antin, Paris, 1950. 256 pp.
« La captivité, histoire des prisonniers de guerre français 1939-1945 ». Yves Durant, éditions de la fédération nationale, combattants, prisonniers de guerre et combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc, 1980. 542 pages.
« La vie quotidienne des prisonniers de guerre dans les Stalags, les Oflags et les Kommandos 1939-1945 ». Yves Durand, éditions Hachette, 1987. (Non consulté)
Les archives concernant les prisonniers de guerre sont conservées au Centre d'Archives Contemporaines (CAC, service des archives nationales) à Fontainebleau. Les documents sont communicables selon leur contenu, en application de la loi de septembre 1979 sur les archives. Il y a aussi des archives concernant les prisonniers de guerre dans la plupart des dépôts d'archives départementales (en général en série W). Il ne faut pas non plus négliger les archives communales (séries F, H, L, Q). On pourra toujours utiliser avec profit le Guide des sources conservées en France (1939-1945) réalisé par les archives nationales, diffusé par la Documentation française (ISBN 2-86000-235-9) et consultable, dans tous les dépôts d'archives dignes de ce nom. (Alain BARRAULT - Génémil)
Fiche AB-345PG-ST05B STALAG VB. S.H.A.T. cote: 2P69. (Alain BARRAULT - Génémil)