Bonjour,
Mon père Louis FRANCOIS né le 03 décembre 1912 à Jambles (71) a été mobilisé le 02 septembre 1939 et est parti combattre l'ennemi dans l'est et le nord de la France.
Il faisait partie du 134ème régiment d'infanterie de Chalon sur Saône (71).
Du 24 août 1939 jusqu'à début août 1945 (date de son retour à Paris) il a tenu un carnet relatant ses activités et ses déplacements.
La page de garde de son carnet mentionne:
Prisonnier le 29 mai 1940 N° 52808
Stalag XIII B 1381
Arbts-Kdo 1377 D
Une zone d'ombre figure dans son carnet pour la période du 03 avril 1942 au 22 janvier 1945 où le camp a été libéré par l'armée russe je pense.
Voilà ce qu'il a noté avant et après ces dates:
Vendredi 03 avril 1942: Après avoir passé 3 semaines à Dlouhý Újezd (en allemand : Langendörflas) (Dourchlag) à ne rien faire. Comme je n'ai pas de souliers, je change encore de Kdo, cette fois-ci, c'est pour aller dans une ferme.
Nous quittons Dlouhý Újezd (en allemand : Langendörflas) Dourchlag à 8h du matin pour aller prendre le train à Neuchstad an der Waldnaab ( Nord Weiden Allemagne ) à 12 km. Nous le faisons naturellement à pieds avec tout notre « bordel » (pour mon compte, j'ai bien 35 kg). A 11h nous prenons le train et nous faisons environ 25 km pour débarquer dans une petite gare à 1h. De là, nous allons dans un Kdo serbe à 5 km à Oschelin (Oselin : Tchéquie). Ici le poste nous dit que ce n'est pas ici et nous faisons le chemin sens inverse pour retourner à 4 km de l'autre côté: cela nous fait 10 km de chemin de trop. Nous sommes à huit et sur les 8 nous en avons tous « plein le cul ». Heureusement que nous trouvons une voiture pour faire les 3 derniers KM. Nous mettons tous nos paquets dessus, cela nous soulage bien. Enfin à 6h30 nous arrivons dans un petit bled de 150 habitants environ Ostrowitz (Ostrovce ): Tchéquie).
Haute Silésie du 14 Juillet 1944 au 22 janvier 1945 (puni ?)
Nuit du 21 au 22 janvier 1945: Heydebuck (Heydukova, Frydeck-Mistek : Tchéquie haute Silésie, près de Katowice).
Nous passons une partie de la nuit en état d'alerte car les avions russes sont constamment au-dessus de nous.
Lundi 22 janvier 1945: Nous avons rassemblement comme les autres jours pour aller travailler. Le commandant nous fait un petit « spitch » et nous dit qu'à présent tout danger étant écarté nous pouvons aller sans crainte à l'usine.
Dans la matinée du 22, la canonade reprend de plus belle et à 10h les sirènes de l'usine sonnent le danger terrestre. Il faut évacuer le camp car les Russes ne sont plus qu'à quelques kilomètres.
Nous retournons au camp et comme le paquetage était tout préparé de la veille, c'est bientôt fait mais nous n'avons pas l'intention de partir avec les « posten ».
Notre résolution est prise, nous n’avons pas l’idée de suivre les « boches », nous laissons partir les plus pressés et au bout de quelques km nous sommes les derniers sans aucune sentinelle avec nous.
Nous faussons compagnie aux « posten », nous faisons le tour de l'usine et nous rentrons au camp par les bois pour attendre l'arrivée des Russes. Mais à la nuit tombée, nous sommes environ 500 sur les 900 qui sommes revenus. Deux sentinelles reviennent voir s'il y avait des prisonniers restés au camp.
L'homme de confiance leur fait promettre de dire au Commandant qu'ils n'avaient vu personne mais nous ne nous en tenons pas là car l'on se dit « si le commandant revient lui-même, il faut mieux quitter le camp ». Nous reprenons la route en direction du camp des civils Français qui se trouve à environ 3 km à travers bois la nuit.
Nous trouvons chacun un lit et nous avons le ravitaillement d'assuré.
Quelqu'un pourra peut-être m'éclairer sur cette période. Merci.