ORGANIGRAMME ET HISTORIQUE DU 130e R.I
Formation du Régiment à la Mobilisation(2 au 13 Septembre 1939)
La mobilisation ayant été décrétée le 1er septembre 1939, les réservistes destinés à former le 130e R. I. rejoignent, à partir du 2 septembre, Mayenne où les ont précédés depuis le 24 août des cadres d'active chargés de préparer la mobilisation éventuelle du régiment, dite de « Série A », et destinés à son encadrement (1).
La grande majorité des réservistes est originaire de la Mayenne, mais il en vient des départements limitrophes surtout de la Sarthe, de l'Orne, ainsi que de Bretagne et de Paris.
Les pères de beaucoup d'entre eux ont déjà servi au 130e R. I. pendant la guerre 1914-1918.
Entre les 2 et 9 septembre, les opérations de mobilisation se déroulent avec calme, ordre et discipline à Mayenne et dans les villages des environs, et se poursuivent normalement, suivant l 'horaire prévu, malgré les difficultés résultant de l’éloignement et de la dispersion des cantonnements.
Le 11 septembre, le régiment est prêt à partir. Cependant, la C. R. E. ne peut recevoir sa dotation réglementaire de 6 canons de 25 antichars ; mais un seul canon de 25 (2 autres lui seront affectés en décembre) et 3 canons de 37, matériel datant de la guerre 14-18, d'une efficacité nettement insuffisante, et qu'elle aura encore en juin 1940.
D'autre part, faute de ressources suffisantes, la réquisition ne peut fournir au régiment que des véhicules hippomobiles et automobiles, souvent très usagés, d'un tonnage insuffisant., et de modèles très divers qui ne correspondent pas aux besoins.
Cette pénurie de moyens de transport gênera considérablement le régiment dans tous ses déplacements, et ne fera que s'aggraver au cours de la guerre, le matériel réformé n'étant remplacé qu'en partie (2).
L'effectif du régiment commandé par le lieutenant-colonel PRAT est de 82 officiers (dont 30 d'active) 260 sous-officiers et 2.800 caporaux et soldats.
Le régiment fait partie de la 7e division, commandée par le général HUPEL et de l'infanterie divisionnaire n° 7, commandée par le général BONNASSIEUX (3).
Les 13 et 14 septembre, le régiment quitte Mayenne par 6 trains. Il débarque dans les Ardennes, à Tournes, et va cantonner dans la région de Rocroi, à proximité de la frontière Belge.
(1) Les 'noyaux actifs' du régiment comprennent des officiers, sous-officiers et quelques caporaux et soldats spécialistes qui proviennent du 117" R.-I. (Le Mans et Laval), de l’École Militaire d’Éducation Physique de Joinville, de formations de Gendarmerie et de Gardes Mobiles et de promotions d'officiers sortant de Saint-Cyr.
(2) Au départ de Mayenne, le déficit, qui est de 40 tonnes, représente 27% du tonnage nécessaire. En mai 1940, le déficit en tonnage du matériel automobile atteindra 67 %.
(3) La 7e division comprend les formations suivantes, en dehors de l'état-major et des services divers. Infanterie : 93e , 102e et 130e R. I. et, à partir d'avril 1940, C. I. D. 7 (bataillon d'instruction).
Artillerie : 31" et 231' R. A. D .
Cavalerie : G. R. D. I. 40.
Génie : Cie, 7/1, 7/2 du 6° génie, 7/81 et 7/82 du 8° génie
Train : 107e Ce auto et Ce hippo du 4e train.
CHEF DE CORPS : Lieutenant colonel
PRAT Etat-Major | COMPAGNIE DE COMMANDEMENT (C.D.T.) | COMPAGNIE RÉGIMENTAIRE D’ENGINS (C.R.E.) | COMPAGNIE HORS RANG |
Commandant BATICLE Capitaine FRIART Lieutenant FLAMAENT Lieutenant GILLOT Lieutenant ORSOLANI Médecin Capitaine PORTALIER Vétérinaire sous- Lieutenant. COLIN
| Capitaine commandant Capitaine FAUVEAU Section transmissions Lieutenant DIDIER Section de pionniers Lieutenant PENI Section d’éclaireurs motocyclistes Lieutenant AUBERT
| Capitaine commandant Capitaine ABINAL Section de 25 Lieutenant PAVARD
| Capitaine commandant capitaine PIOGER Officier ravitaillement lieutenant BOULAI Officier d’approvisionnement lieutenant CHAUFOUR Officier de dépannage lieutenant BUREAU Officier pharmacien Lieutenant pharmacien MALEPART Officier dentiste Lieutenant dentiste LEW Officier dentiste sous-Lieutenant dentiste CAILLÈRE Faisant office de chef de musique Adjudant-chef RYS
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1er BATAILLON | 2e BATAILLON | 3e BATAILLON |
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Chef de bataillon commandant : chef de bataillon BRANLAT Capitaine adjudant major : Capitaine MEREL Officier des transmissions et Z : Sous-lieutenant BEUCHER Médecins : - sous-lieutenant médecin GACON - Médecin auxiliaire NICOLAS 1er COMPAGNIE Capitaine GRAT Lieutenant JACQUIN Lieutenant LONDAITSBEHERE Sous-lieutenant RINGENBACH
2e COMPAGNIE Capitaine REMY Lieutenant DECOSSE Lieutenant LEBRUN Sous-lieutenant FLEURY
3e COMPAGNIE Capitaine PERSON Lieutenant CAHEN Lieutenant GOUSSAY Sous-lieutenant ROUX
C.A.B Capitaine ROUX Lieutenant JEZEQUEL Lieutenant GUINOISEAU Sous-lieutenant COTHEREAU
| Chef de bataillon commandant : chef de bataillon GIRARDET Capitaine adjudant major : Capitaine LE GALL Officier des transmissions et Z : lieutenant TEISENTZ Médecins : - sous-lieutenant médecin TISSOT - Médecin auxiliaire HENROT 5e COMPAGNIE Capitaine BERNARD Lieutenant MANGIEU Lieutenant BOURDOISEAU Sous-lieutenant VITRE
6e COMPAGNIE Capitaine BOUCHE Lieutenant JACQUESSON Lieutenant DURAND Sous-lieutenant ROBERT
7e COMPAGNIE Capitaine LE FOUEST Lieutenant COUNORD Sous-lieutenant CASANAVE Sous-lieutenant ROUSSEL
C.A.B. Capitaine COSSE-KNAUSS Lieutenant BOYER Lieutenant LEVAVASSEUR Sous-lieutenant de POURICHKEVICH
| Chef de bataillon commandant : chef de bataillon LE BALL Capitaine adjudant major : CapitaineVIGNE Officier des transmissions et Z : lieutenant RACOT Médecins : - lieutenant médecin GARDRINIER - Médecin auxiliaire BEASSE 9e COMPAGNIE CapitaineCHOMPTON Lieutenant LAHELLEC Sous-lieutenant DOUZILLY Sous-lieutenant GUIDON
10e COMPAGNIE Capitaine ARNOULT Lieutenant VACHETTE Sous-lieutenant MAUDUIT Sous-lieutenant ROUSSEAU
11e COMPAGNIE Capitaine LECOMTE Sous-lieutenant TRIMBACH Sous-lieutenant CHEVAL Sous-lieutenant DAUPHIN
C.A.B. Capitaine FINET Lieutenant HETTINGER Lieutenant LEROUX lieutenant GRESTEAU
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Eugene DUVAL Matricule 3937 = C.M.3
INSTALLATION SECTEUR DE ROCROI
15 Septembre 1939 au 4 Février 1940
C'est dans ce secteur de Rocroi que commence, le 15 septembre, pour le 130e R. 1., la période de ce qu'on appelle parfois improprement "la drôle de guerre", période allant jusqu’au 10 mai 1940, et qui se caractérise par le fait, que pendant ces 8 premiers mois, aucun combat très important n'a lieu sur le front français.
C'est une période d'attente, sensiblement analogue à certaines périodes calmes, dites, de "stabilisation" de la guerre 1914-1918, qui régnaient souvent sur une grande partie du front, surtout pendant l'hiver.
Après quelques modifications dans les cantonnements initiaux, le régiment s'installe définitivement le 11 octobre à Rocroi et ses environs, dans les localités suivantes, où il séjournera jusqu'au 4 février
E. M. du R. I., C. D. T., C. R. E., C.H.R., et 3e bataillon à ROCROI et abords.
1er bataillon à Hiraumont et Hongreau
2e bataillon à la Taillette.
Pendant cette période de 4 mois et 20 jours, le 130° R. I. est chargé de l'organisation et de l'amélioration de la position semi-fortifiée de ce secteur de Rocroi, qu'il a mission de défendre, dans le cas où l'ennemi, après avoir envahi la Belgique, aborderait la frontière française.
Cette position, qui comporte un certain nombre d'ouvrages bétonnés est loin d'être complètement organisée ; le 130e travaille tous les jours à l'améliorer, à creuser des tranchées, construire des blockhaus, poser des réseaux de fils de fer et de rails anti-chars.
La vie des hommes du 130e a cette période est repartie entre les travaux et quelques séances d'instruction, à raison d'une ou deux par semaine.
Vie monotone dans des cantonnements plus ou moins confortables, vie rendue encore plus pénible par les rigueurs d'un hiver exceptionnellement rigoureux et prolongé.
La monotonie de cette existence n'est troublée que par les alertes aux avions et aux parachutistes, contre les incursions desquelles on garde et barricade les issues des cantonnements, et aussi les 15 et 16 janvier, par une alerte générale qui dure 48 heures, le commandement ayant craint, à ce moment, le déclenchement de la grande offensive allemande.
Pendant cette période, plusieurs modifications sont apportées dans le commandement des bataillons et compagnies, par suite de départ d'officiers, mutés en particulier à des formations de l'intérieur pour l'instruction des recrues dans les dépôts.
Le capitaine Friart prend le commandement du 1 er bataillon le 30 décembre et est remplacé par le capitaine Roux dans son emploi de capitaine-adjoint du colonel.
Les lieutenants Jacquesson, Hettinger, Mangieu, Decosse, prennent respectivement le commandement des 6e compagnie, le 3 octobre, C.A.B. 3 le 29 octobre, C.A.B.1 le 11 janvier et 2e compagnie le 28 janvier.
DÉPLACEMENTS
(5 au 18 Février. 1940)
Le 5 février, le R. I. est relevé de ce secteur de Rocroi et va dans la région de Liart, où il embarque en chemin de fer, les 11 et 12 février pour débarquer à Maizières-lès-Metz, au nord de Metz. Puis, après un séjour de quelques jours dans la région d'Hagondange, le 130° est engagé dans un secteur de la ligne Maginot au nord-est de Metz, à l'est de la Moselle.
Pendant toute cette période de déplacements, d'abondantes chutes de neige et de verglas rendent les étapes très pénibles, aussi bien pour les unités à pied que pour les conducteurs de voitures.
LE SECTEUR DE REMELING-VECKERING
19 Février au 5 mai 1940
Le secteur de Remeling-Veckering où le R. I vient prendre position le 19 février est une portion de la seule partie du front qui soit réellement au contact direct de l'ennemi sur une longueur de 150 kilomètres, entre la Moselle et le Rhin, car le long du Rhin, ce fleuve sépare les deux arrivée s et constitue un obstacle sérieux.
C'est là que le régiment va recevoir le baptême du feu ; il a pour mission de renforcer la défense de la ligne Maginot, et de tenir eu outre en avant de celle-ci, une position d’avant-d’avant-postes, dite « de couverture », qui a pour but de maintenir le contact avec l'ennemi, et, en cas d'attaque, de retarder celui-ci jusqu'à la position fortifiée.
Pendant toute la période où le régiment occupe ce secteur, il a un bataillon aux avant-postes dans le quartier de Remeling (P. C. à Forgeville), qui tient les points d'appui de Heywald-Wolscher, Grossenwald-Betting. Ce bataillon est relevé tous les 10 jours, à tour de rôle, par un des deux autres bataillons cantonnés à Veckering et Budling et dont la mission est de renforcer la défense de la ligue Maginot. Le P.C. du régiment est à Budling, puis à partir du 27 mars à Veckering.
La vie dans ce secteur est celle qu'ont menée les combattants de la guerre 14-18 dans les secteurs calmes, avec cette différence toutefois que, dans cette guerre-ci, les unités aux avant-postes, séparées par de très larges intervalles dans un terrain souvent boisé, s'y sentent dans une insécurité totale. II ne se passe pas de nuit sans qu'elles soient harcelées, souvent à revers, par des reconnaissances allemandes qui s'infiltrent dans les intervalles, faisant preuve de beaucoup de cran et d'audace.
Vie de misères, de fatigues, où les hommes doivent lutter contre les éléments : le froid, la neige, la pluie, la boue, vivant dans des conditions peu confortables.
Vie de travail, à creuser des tranchées, des abris, à poser des réseaux de fil de fer et de rails antichars.
Vie de tension perpétuelle pour les unités aux A. P. toujours sur le qui-vive, où les guetteurs doivent lutter contre le sommeil, cherchant à percer les ténèbres et tendant l’oreille au moindre bruit suspect.
Vie obscure de tous les jours, que les communiqués ne traduisent par « rien à signaler », et qu’ont decrit tant de livres sur la guerre de 14-18, et cependant vie de dangers pour les patrouilles et reconnaissances effectuées en avant des lignes, ainsi que pour les garnisons des points d’appui, soumis à des tirs intermittents d’artillerie ou à des coups de main.
La plupart des reconnaissances profondes sont effectuées par un groupe franc, constitué fin février sous le commandement du capitaine Grat, député de la Mayenne, qui a tenu à servir dans une unité combattante, au poste le plus exposé. Ce groupe franc comprend une section par bataillon, commandée respectivement par les sous-lieutenants Ringenbach, Casanave (ultérieurement Gruau) et Cheval.
Au cours de cette période de soixante-dix-sept jours, le régiment éprouve les pertes suivantes : neuf tués et trois blessés, pertes dues principalement à une embuscade le 22 février au Bois Carré, et à un coup de main allemand le 19 avril sur la 3° compagnie, au P. A. de Wolscher.
Au contact de l'ennemi, le régiment s'est bien aguerri et a acquis les brillantes qualités qui en font une unité d'élite, bien préparée à remplir les missions de sacrifice qui vont lui être demandées.
Entre le ter et le 5 mai une brigade britannique relève progressivement le régiment, qui se regroupe au sud de Thionville, en attendant d'être transporté par voie ferrée dans la région de Ste-Menehould, où il doit être mis au repos.
Le 3 mai, se déroule au cimetière militaire de Luttange, une sobre et émouvante cérémonie d'adieux aux morts de la division qui y ont été inhumés, et auxquels les honneurs sont rendus en présence du général commandant la division, des drapeaux des trois régiments d'infanterie, de délégations de chaque régiment ainsi que d'un détachement de troupe écossais.
En avril, l'encadrement de plusieurs unités a subi quelques modifications par suite du départ de plusieurs officiers, en particulier affectés à l’intérieur pour l'instruction des recrues.
Le commandant Le Ball quitte le 3e bataillon pour prendre le commandement du 93° R. I. Les lieutenants Jacquin, Durand, Lahellec prennent respectivement le commandement des 3e,7e et 9°compagnies.
Secteur d' Angevillers .
(10 au 20 Mai 1940)
La Contre-Attaque du Betscbenberg
(Voir carte n° 2)
Le 10 mai matin, l'Allemagne, violant à nouveau les traités qu'elle avait signés, envahit la Hollande, la Belgique et le Luxembourg, et déclenche sa grande offensive générale. Le I/130° s'apprêtait à embarquer lorsque parvient au R. I. l'ordre de suspendre l'embarquement et de rappeler tous les permissionnaires.
A partir de midi, le R. I. est alerté. Dans la nuit du 10 au 11, puis le 11 mai dans la soirée, il se porte au nord-ouest de Thionville, dans les bois au nord d' Angevillers, immédiatement derrière le III/294, qui occupe à 8 kilomètres en avant de la ligne Maginot une position d'avant-postes, tout près de la frontière du Luxembourg.
le 12 mai, la division ayant reçu mission de s'intercaler sur le front entre le 20e D. I. à gauche et le 56e D. I. à droite, le 130e R. I. doit relever dans la soirée le III/294 sur la positron d'avant-postes, dont les éléments avancés occupent de part et d'autre du village de Volmerange, les hauteurs du bois d' Aleck et du Hetschenberg
Mais les renseignements sur l'ennemi obligent à avancer cette relève, et à précipiter le mouvement. On apprend en effet vers 15 heures que les Allemands ayant débarqué des troupes à Dudelange, à la frontière sud du Luxembourg, approchent de Volmerange et commencent à gravir les pentes du Hetschenberg. La D.I. donne alors vers 17 h. 30 l'ordre au 130e de relever aussitôt le 294e et d'occuper les positions fixées.
A gauche, le 3e bataillon du 130e relève une compagnie du 294e R. I. et grâce à la rapidité de décision prise par le capitaine Lecomte, commandant provisoirement le bataillon, occupe le bois d' Aleck, après en avoir chassé les éléments ennemis qui y avaient déjà pris pied
Une partie du 1°' bataillon du 130e occupe le village de Volmerange sans difficultés. Mais la compagnie de droite du bataillon ayant un itinéraire plus long à parcourir ne peut atteindre l'objectif fixé, le sommet du Hetschenberg, déjà occupé par l'ennemi. Aussi, vers 19 heures, la première compagnie est arrêtée par les feux nourris de l'adversaire sur les premières pentes escarpées de ce mouvement de terrain.
Cette hauteur importante donnant à l'ennemi des vues étendues sur la région de Thionville, la division donne, dans la matinée du 18 mai, l'ordre de la reprendre « à tout prix ».
La contre-attaque est effectuée sous le commandement du chef de bataillon Friart, commandant le 1er bataillon du 130° R. I., avec les unités suivantes : à droite, le groupe franc, au centre, la 6e compagnie et 2 sections de la C. A. B. 2. A gauche, un détachement sous les ordres du capitaine Rémy, chargé de couvrir l'attaque à gauche, et comprenant différentes unités du 1er bataillon (1er compagnie, 1er section de la 3e compagnie et une section de la C. A. B. 1.),
A 17 h. 30, après une courte préparation d'artillerie, ces unités s'élancent à l'attaque avec beaucoup d'allant, sous la protection d'un barrage roulant.
Malheureusement, plusieurs armes automatiques ennemies, dissimulées dans des buissons qui ont échappé à la destruction de notre artillerie, causent des pertes sévères, surtout en officiers, dès le début de l'attaque.
Au groupe franc, le capitaine Grat est tué, ainsi que 2 chefs de section sur 3.
A la 6e compagnie, le capitaine Jacquesson est blessé, mais maîtrisant sa douleur, conserve héroïquement son commandement jusqu'à la fin de l'attaque. Ses 4 chefs de section sont tués ou blessés.
Le commandant de la 1ère compagnie, le lieutenant Guinoiseau est tué, en allant chercher un blessé de sa compagnie. Avec un cran admirable, l'attaque se poursuit cependant, et, après une manœuvre hardie du sous-lieutenant Ringenbach, qui déborde la crête par la gauche, les unités s'emparent à la tombée de la nuit de la hauteur du Hetschenberg, d'où l'ennemi s'enfuit.
Ce succès coûte les pertes suivantes : 36 tués, dont 6 officiers et 24 blessés dont un officier.
Pour leur brillante contre-attaque, le groupe franc et la 6e compagnie obtiennent les citations suivantes à l'ordre de l'armée:
Ordre Général n°59
du Général commandant la 3e Armée
Groupement Temporaire du 130e R. I.
Le 13 mai 1940, sous les ordres du capitaine Grat, le groupement temporaire du 130e Régiment d' Infanterie a exécuté une contre-attaque vigoureuse, qui, malgré la résistance acharnée de l'ennemi et son feu intense, a entièrement atteint l' objectif fixé, procurant ainsi au commandement des renseignements précieux.
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6° Compagnie do 130° Régiment d'infanterie
13 mai 1940, sous les ordres du capitaine Jacquesson, la 6° compagnie du 130e Régiment d’Infanterie a exécuté une contre-attaque brillante, qui, malgré la résistance et le feu intense de l'adversaire, a réussi à atteindre son objectif', procurant en outre au commandement des renseignements précieux.
Le capitaine Jacquesson a été grièvement blessé, le lieutenant Guinoiseau a été mortellement atteint au cours de l’action.---------
Au début de la nuit, alors que les unités s'organisent sur la position conquise, relèvent tués et blessés, notre haut commandement, renseigné sur la présence d'importantes forces allemandes dans la région, décide de faire évacuer dans la nuit la position d’avant-postes et de replier les troupes qui l'occupent sur la position fortifiée.
C'est au moment où parvient cet ordre, que le commandant Adam (qui commandait le C. I. D. 7), prend le commandement du 130e R. I., en remplacement du lieutenant-colonel Prat, évacué pour maladie. D'autre part, le capitaine Gilles prend le commandement du 3e bataillon, vacant depuis un mois.
Dans la deuxième partie de la nuit, les 1er et 2e bataillon viennent après repli, occuper et renforcer les intervalles de la ligne Maginot, dont les ouvrages bétonnés sont déjà tenus par un bataillon de forteresse, le 11/169, entre les deux gros ouvrages fortifiés de Rochonvillers et de Molvange; quant au 3e bataillon du 130e il vient occuper, à environ 3 kilomètres en avant de la ligne Maginot, une nouvelle position d'avant-postes, à peine organisée, appelée << Brisant des quatre Seigneurs», située un peu en avant du village de Molvange.
Ces mouvements ont juste le temps de s'effectuer avant le lever du jour, sans être inquiétés par l'ennemi, décontenancé par la contre-attaque. En raison de la nécessité de ramener par priorité les blessés, les armes et les munitions, force est de laisser sur le terrain quelques corps de tués. La recherche est d'ailleurs rendue difficile par l'obscurité.
Mais les reconnaissances effectuées le lendemain et le surlendemain ayant permis de constater que l'ennemi n'avait pas dépassé la crête du Hetschenberg, le commandant du régiment décide qu'une forte reconnaissance se portera dans la nuit des 15 et 16 mai jusqu'au pied des pentes de cette hauteur, avec mission de confirmer ce renseignement et de ramener, si possible, tous les corps des tués qui pourront être trouvés aux abords de la route Kanfen-Vollemerange.
De nombreux volontaires, même parmi le personnel du service sanitaire du régiment, se présentent pour participer à cette opération hardie, faisant preuve d'un admirable esprit d'abnégation et de sacrifice.
cette reconnaissance, forte d'une centaine de gradés et hommes (comprenant les groupes de protection et le personnel chargé de relever les corps), sous les ordres du capitaine Roux (adjoint au chef de corps), réussit pleinement et peut ramener dans nos lignes 9 corps, sans éprouver aucune perte. Jusqu'au 19 mai au soir, le régiment continue à occuper ce secteur et à en améliorer l'organisation.
L’ennemi reste calme les deux premiers jours, mais, par la suite, son artillerie devient plus active et les positions du R. I. sont violemment bombardées à plusieurs reprises.
En outre, des reconnaissances ennemies particulièrement mordantes, engagent presque toutes les nuits, avec nos postes avancés, des combats à la grenade, mais elles sont chaque fois repoussées.
Pendant cette période, le bataillon aux A. P. à neuf blessés.
Déplacement du Régiment
(20 au 28 Mai 1940)
Dans la nuit du 19 au 20 mai, le R. I. est relevé par le III/ 294 R. I. et après deux marches de nuit (dont une de 32 kilomètres), il bénéficie de 48 heures de repos, les 22 et 23 mai, tout près de Mangiennes, où le 130e s'était distingué dans un combat assez meurtrier le 10 août 1914.
Dans la nuit du 23 au 24 mai, le R. I., embarqué à la gare de Spincourt, quitte la Lorraine par voie ferrée, et est dirigé sur la région de Fère-en-Tardenois (Aisne) où il débarque.
Les trains subissent de longs retards, dus aux nombreuses destructions opérées sur les voies ferrées par les bombardements d'avions, entre Châlons el Château-Thierry : celui transportant le 2e bataillon reçoit des bombes incendiaires en gare d'Epernay, qui ne font heureusement pas de victimes.
Le régiment stationne dans cette région jusqu'au 28 mai, dans des localités au sud de l'Ourcq qui sont presque totalement évacuées par la population civile, terrorisée par les violents bombardements d'avions des jours précédents.
Le régiment a pour mission de défendre éventuellement les passages de l’Ourcq et les villages où il cantonne, contre les chars, dans le cas où l'ennemi aurait percé nos lignes de défense, situées à 40 kilomètres plus au nord.
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Avant de faire le récit des journées dramatiques qui vont suivre, il est indispensable, de rappeler les difficultés importantes que va présenter la défense à outrance, des positions dont le régiment à la charge, difficultés sur lesquelles le lieutenant-colonel Adam, commandant le régiment, ne manque pas d'attirer l'attention des généraux commandant la division et le corps d'armée, lors de leur visite au P.C. du régiment ,les 1°' et 3 juin.
Ces difficultés sont dues principalement aux raisons suivantes :
1° L'étendue du front à défendre, le long du canal de l’Ailette, mesure 6 k. 500. Elle impose d'utiliser les trois bataillons en 1er échelon, d'avoir des points d'appui trop espacés, et enfin de ne laisser au commandant du régiment qu'une réserve initiale de 2 groupes de combat et d'un canon de 25.
2° Le déficit des effectifs du régiment, soit 500 hommes environ, porte presqu'uniquement sur les groupes de combat, qui ne comptent que 6 à 8 hommes en moyenne, au lieu de 11.
3° Le terrain très couvert n'offre que des champs de tir très réduits. Le canal de l’Ailette, le long duquel sont installés les points d'appui de 1er échelon, étant presque partout en remblai, bordé de roseaux et de nombreux taillis, les vues se limitent à la berge opposée, soit à une douzaine de mètres.
D 'autre part, sur presque tout le secteur du régiment, le terrain très couvert empêche les points d'appui, déjà trop espacés, de se flanquer réciproquement de leurs feux, et facilite les infiltrations ennemies : forêt de Pinon, formée de taillis très denses s'étendant au nord de la route Pinon-Chavignon sur plus de 5 kilomètres de longueur et 2 kilomètres de profondeur, village de Pinon, bourg de plus de 2 kilomètres avec ses maisons, ses jardins et ses murs de clôture. Ravins profonds et boisés. Champs de blé et de luzerne hauts de 70 cm.
4° Les travaux de défense sont peu avancés, presque pas de réseaux de fil de fer, tranchées peu profondes, à cause de la nature marécageuse des terrains, qui empêche en outre de creuser des abris. Il faudrait plusieurs semaines pour parfaire l'organisation de ce secteur qui, en outre, forme un saillant prononcé par rapport au régiment de droite.
Pour la défense de son secteur, le régiment dispose d ' une section de chars Renault de la 1er compagnie du 36° bataillon de chars, datant de la guerre 14 - 1 8, commandée par le lieutenant Zindy, Il est appuyé par les tirs de deux groupes d’artillerie : 3e groupe du 31 R.A.D. et 5° groupe du 231° R.A.D.
L'encadrement en officiers du régiment a subi depuis le début de la campagne, de si profondes modifications, par suite de nombreuses promotions et mutations, qu'il est utile de donner celui qui existe à la veille des combats.
Encadrement en Officiers de 130° Régiment d'infanterie à la date du 1er Juin 1940
ETAT-MAJOR DU REGIMENTChef de corps : Lieutenant-colonel ADAM
Chef de l'état-major: Commandant BATICLE
Capitaine adjoint : Capitaine CHEVALLIER
Officier de renseignements : Lieutenant FLAMENT
Officier de liaison : Lieutenant GILLOT
Officier des détails : lieutenant ORSOLANI
Médecin chef de service : Médecin-lieutenant GACON
Chef vétérinaire de service : Vétérinaire sous-lieut. COLIN
Compagnie de Commandement : sans changement.
Compagnie régimentaire d'engins: sans changement.
Compagnie hors rang : sans changement.
1er BATAILLONCommandant provt. le bataillon : Capitaine RÉMY
Officier des transmissions et Z : Sous-lieutenant BEUCHER
Médecin : Médecin auxiliaire NICOLAS
1er compagnie :Lieut. CAHEN cdt de la compagnie ;
Lieut. LONDAITSBEHERE ;
Sous-lieut. RINGENBACH ;
2e compagnie :Capitaine DECOSSE ;
Sous-lieutenant FLEURY ;
Sous-lieutenant LEMAITRE ;
3e compagnie :Lieut. JACQUIN cdt de la compagnie ;
Lieut. GOUSSAY ;
Sous-lieut. ROUX ;
Sous-lieut. PICHOT ;
C.A. B.1Capitaine MANGIEU
Sous-lieut. COTHEREAU
Sous-lieut. TUAU
Sous-lieut. BREHU
aspirant de QUATREBARBES
DEUXIÈME BATAILLONCommandant P. I. le bataillon: Capitaine ROUX
Capitaine adjudant-major : Capitaine LE GALL
Officier des transmission et Z. : Lieutenant LEVAVASSEUR
Médecin : Médecin-auxiliaire HENROT
5e compagnieLieut. MAUDUIT cdt de la Cie
Sous-lieut. DROUAULT :
6e compagnieLieut. VACHETTE cdt de la Cie
Sous-lieur. ROBERT
7e compagnieLieut. DURAND cdt de la Cie :
Lieut. TEISENTZ :
Sous-lieut. ROUSSEL
C.A. B. 2 Capitaine COSSE-KNAUSS
Lieutenant BOYER
Sous-lieut. de POURICHKEVICH
Sous-lieut. THOMAS
TROISIME BATAILLONCommandant P. I. le bataillon : Capitaine GILLES
Officier des transmission et Z : Sous -lieutenant RACOT
Médecin : Médecin sous-lieutenant BEASSE
9e compagnieLieut. LAHELLEC cdt de la Cie :
Sous-lieut. DOUZILLY:
Sous-Iieut. GUIDON :
10e compagnieCapitaine ARNOULT
Sous-Iieut. ROUSSEAU
11e compagnie Capitaine LECOMTE ;
Lieutenant TRIMBACH ;
Sous-lieutenant DAUPHIN ;
Aspirant MERLIN
C.A.B.3Capitaine HETTINGER
Lieutenant LEROUX
Sous -lieutenant DUBREUIL
Veillée d 'Armes ( 31 Mai au 4 Juin 1940)
Pendant ces cinq jours on peut considérer que le secteur reste relativement calme. Les pertes subies par le R. I. pendant cette période sont de 2 tués et 7 blessés. Cependant, dans les 48 h. précédant l'attaque, l'artillerie et l'aviation ennemies deviennent de plus en plus actives ; les avions ennemis survolent longuement nos positions à basse altitude. Sans être inquiétés par notre aviation.
Le 4 juin dans la soirée ; le P. C. du R. I. reçoit successivement de la D. I. deux renseignements : l'un vers 20 heures, indiquant qu'une attaque ennemie est probable dans un délai rapproché, l'autre vers 21 heures, qu'une attaque de parachutistes semble imminente. Ces renseignements sont aussitôt transmis à toutes les unités, qui reçoivent en outre l'ordre d'être alertées une heure avant le lever du jour. Au cours de la nuit qui reste calme, les travaux de défense sont poursuivis activement et les bataillons ravitaillés en munitions.
Combat du 5 Juin 1940
Le 5 juin l'offensive allemande, se déclenche à partir de 3 h. 4 5. Elle est précédée et appuyée par des tirs intenses de mitrailleuses sur le canal, ainsi que par de violents bombardements d'aviation, d'artillerie et de minen sur toutes nos positions.
Profitant du brouillard assez dense qui s'élève au-dessus du canal, l'ennemi attaque le R. I. ainsi que les R. I. voisins, le 102° à gauche, le 97° à droite, dans le secteur desquels il arrive à créer des têtes de pont, au voisinage immédiat des deux ailes du 130e R.I.
Sur le front du 130e R. I., l ' ennemi attaque en 3 zones : A gauche, il réussit à franchir le coude du canal au sud d'Anizy, et à créer une petite tête de pont dans le triangle formé par la voie ferrée, la station et la route Pinon - Anizy. Mais sur les deux autres points : à droite devant la 11e compagnie, au pont d ' Elle, ainsi qu 'à gauche devant la 2e compagnie près de I' écluse au sud d'Anizy les tentatives de franchissement de canal, par passerelles et canots pneumatiques échouent complètement au prix de lourdes pertes.
Dès le début de l'attaque, le régiment subit des pertes assez sérieuses : au premier bataillon les sous-lieutenants Cothereau et Tuau sont tués vers 5 h. 30., le premier près de la station du Pinon et le deuxième un peu plus à droite de la voie ferrée.
Au 3e bataillon la 11° compagnie perd vers 4 h. 30, deux chefs de section sur les trois qui défendent le canal : le sous- lieutenant Dauphin blessé, le lieutenant Trimbach, tué, en contre attaquant vaillamment à la baïonnette l'ennemi qui a franchi le canal en passant dans le secteur du R. I. de droite.
Au cours de la journée, le combat va se poursuivre avec violence, l'ennemi s'efforçant d 'approfondir, d'élargir et de réunir les petites têtes de pont qu’il a réussi à créer initialement sur le front du R. I. et des R. I. voisins. Profitant de la nature très couverte du terrain, il réalise une tactique d'encerclements successifs, attaquant avec l'appui de ses minen surtout de flanc et à revers, les différents points d'appui, dont il peut s'approcher souvent à courte distance.
Dans un ciel toujours bleu qui retentit sans cesse du ronronnement syncopé des moteurs d'avions allemands, on guette en vain l'apparition de nos cocardes tricolores. Aucun avion français ne vient au-dessus de nos lignes s'opposer, ni aux incursions des Stukas de bombardement qui foncent en piqué sur leurs, objectifs avec un lugubre hululement de sirène précédant le fracas des explosions de bombes, ni au survol en permanence d'un avion d’observation surnommé « le mouchard » qui exerce une surveillance constante du secteur. Nos postes de radios captent ses émissions transmises en clair par radio téléphonie, et l'entendent renseigner de façon continue les Allemands sur la situation de nos troupes et régler le tir de leur artillerie. Aussi, il est impossible à une troupe, même de faible effectif, d'effectuer un déplacement sans être immédiatement repérée et signalée à l'artillerie et à l’aviation de bombardement, qui déclenchent à plusieurs reprises de très violents tirs, notamment sur Pinon, Vaudesson, sur les batteries d'artillerie, ainsi que sur les unités de contre- attaque, dont la progression est considérablement retardée et qui subissent des pertes.
Quartier de gauche – 1er Bataillon.
Dans le secteur du 1er bataillon, l’ennemi qui a pu occuper la partie nord du village de Pinon est arrêté dès le début de la matinée par la vaillante résistance des éléments qui barrent un peu plus en arrière les deux rues principales du village : la 1ère compagnie au sud de l 'église, la 3e compagnie près du passage à niveau de la station du chemin de fer. Le P. C. de cette dernière est encerclé à partir de 5 h. 30, mais résiste avec acharnement. Il est dégagé momentanément vers 9 heures par une petite contre-attaque effectuée par une section de chars et une section d'infanterie de la 1er compagnie, seules réserves disponibles, mais trop faibles pour reprendre le terrain perdu, d'autant plus que leur effectif est réduit rapidement : sur cinq chars qui sont de vieux chars de la guerre 14-18 dans un très mauvais état mécanique, deux tombent en panne dès le début et, pour comble de malheur, un troisième a son canon de 37 enrayé. Quant à la section d'infanterie qui a son chef de section et six hommes blessés, elle renforce la défense du P. C. de la 3e compagnie.
Néanmoins cette petite contre-attaque stoppe l'ennemi, après lui avoir fait subir de lourdes pertes, et dans la journée, celui- ci ne marquera plus aucun progrès dans Pinon. Dans l'après- midi il repliera même certains éléments poussés au-delà de la voie ferrée, permettant ainsi de rétablir pendant quelques heures la liaison avec le P. C. de la 3e compagnie près de la station et d'évacuer les blessés.
L'ennemi maintient cependant ses infiltrations sur les deux flancs de la poche qu'il a créée dans la partie nord-ouest de Pinon, d'une part dans le ravin boisé d'Ailleval, qui sépare le 130e R. I. du 102e R. I. et d 'autre part dans la partie ouest, de la forêt de Pinon.
Vers 15 heures, la 2e compagnie réoccupe le bâtiment appelé « Ecole » » à la lisière ou est de la forêt de Pinon, avec l’appui de la section de chars et fait prisonniers un caporal et six soldats qui s ' étaient infiltrés jusqu’ aux abords du P. C. de cette compagnie. Aux dires de ces derniers, c ' est tout ce qui reste de leur section qui a passé le canal le matin.
Sur cette partie du front l ' ennemi n'a donc abouti qu'à un succès très limité.
Si le 130e avait pu disposer à pied d'œuvre de réserves suffisantes, il aurait très probablement réussi à rejeter l'ennemi dans le canal. Malheureusement, ces réserves manquent ou celles prélevées sur les réserves du corps d ' armée, alertées dès 10 heures du matin (7° B. C. A. et une compagnie de chars) ne peuvent effectuer dans la soirée la contre-attaque ordonnée par la division et prévue initialement vers 17 heures, pour chasser l'ennemi de la partie nord-ouest de Pinon.
Ces unités, trop éloignées sont en effet retardées considérablement dans leur marche, surtout par l'artillerie et l'aviation ennemies, et la contre-attaque du 7e B. C. A. qui n'arrive sur sa base de départ que vers 22 heures doit être reculée au lendemain matin, c'est-à-dire beaucoup trop tard ;
Quartier de droite – 3e Bataillon
Si la situation à gauche du R. I. cesse d'être inquiétante dès la fin de la matinée, il n'en est pas de même à sa droite, sur le front du 3e bataillon, où la situation va s'aggraver d'heure en heure, surtout à partir de 11 heures, par suite de la progression de l'ennemi dans le secteur du R. I. de droite, dont deux bataillons ne tardent pas à être complètement dissociés.
Cette avance ennemie découvre le flanc droit du R. I. et même cause un danger pour ses arrières, par suite de la forme en saillant de la position du R. I.
Pour faire face aux attaques de flanc et à revers que l'ennemi poursuit toute la journée, en particulier sur la 11e compagnie aux prix de lourdes pertes, le 3e bataillon doit dans l'après-midi, abandonner progressivement le canal en pivotant sur sa gauche pour faire face à l'est et protéger le flanc du 2e bataillon au centre, qui continue à tenir le canal.
Afin de pouvoir défendre le front du R.I. qui s'allonge sans cesse, le commandant du 130e R. I. jette dans la bataille tous les éléments qu'il peut récupérer ou obtenir de la Division et les utilise pour prolonger, vers le sud, le front du 3° bataillon entre Vaudesson et le carrefour de l’Ange-Gardien ; 9e compagnie et une S. M. du 102e R.I. un peloton de mitrailleuses du G.R.D.I. 40. - un escadron motorisé du G.R.C.A. 13 - des isolés du 97e R. I.
En effet, vers 16 heures, des éléments ennemis, s'infiltrant dans le secteur du R. I. de droite par les ravins boisés au sud-ouest de Chavignon, parviennent aux abords du carrefour de l’Ange-Gardien, derrière les positions du 3e bataillon et aux abords de la ferme de Mennejean près de laquelle se trouvent le P. C. du commandant du groupe d'artillerie de 75 et une batterie de ce groupe qui appuie le 130e R. I. de ses tirs.
Cette batterie arrête l'ennemi avec les mitrailleuses qui la protègent, mais le commandant du groupe, bloqué, momentanément dans son P.C., doit être dégagé vers 18 heures par l'escadron motocycliste du G.R.C.A. 13, qui se porte ensuite au carrefour de l' Ange-Gardien pour en assurer la défense.
Situation à la tombée de la nuit
Lorsque la nuit tombe, à la fin de cette première journée de bataille, le 130e R. I. a gardé toute sa cohésion ; son front initial sur le canal est intact au centre sur une longueur de trois kilomètres, mais il a dû céder aux deux ailes, légèrement à gauche, davantage à droite afin de couvrir son flanc droit, qui est dans une situation d'autant plus critique, que le front de défense du régiment mesure maintenant 11 kilomètres, au lieu de 6 km.500 le matin.
Aussi, faute d 'unités d 'infanterie disponibles, la section de chars du lieutenant Zindy renforcée de 3 chars provenant du secteur voisin, reçoit la mission d ' assurer, face â l ' est, la défense de 1.200 mètres de front dans la forêt de Pinon, au nord du carrefour du Point-du-Jour, avec la protection d'une quinzaine de fantassins seulement.
Les 3° et 11° compagnies et les sections de mitrailleuses d'appui qui ont supporté le poids principal de l'attaque sont très éprouvées. Les restes de ces unités, groupés autour de leur commandant de compagnie, tiennent héroïquement, toujours encerclés.
Le P.A. du P.C. de la 11e compagnie, encerclé depuis 9h. 30 et à court de munitions arrive à se dégager vers 21 heures non sans difficultés : cette compagnie a perdu ses 4 chefs de section (1 tué et 3 blessés).
Toute liaison avec les régiments voisins est perdue.
Les deux bataillons dont la contre-attaque était escomptée vers la fin de l'après-midi de chaque côté du R. I., le 7e B. C. A. à gauche sur Pinon, le 12e étranger à droite sur Chavignon, et dont l’intervention aurait beaucoup aidé le 130° R. I., en ressoudant son front avec celui des régiments voisins, n'arrivent malheureusement sur leurs positions de départ que dans la nuit.
Combats du 6 Juin 1940
(Voir Cartes 3 et 4)
Ces deux bataillons déclenchent tous deux leur contrattaque le 6 juin, un peu avant le lever du jour, vers 3 heures, mais ils échouent avec de lourdes pertes, car l'ennemi s'est considérablement renforcé au cours de la nuit dans les deux têtes de pont, constituées la veille sur les flancs du 130° R.I.
Et à partir de 3 h. 45, l'adversaire reprend ses violentes attaques qu'il va poursuivre toute la journée avec des forces près de trois fois supérieures(1) pour élargir et approfondir ses têtes de pont, et en même temps effectuer une manœuvre d ' encerclement du régiment. Enserrant nos positions entre les deux branches d 'une vaste tenaille, il va les resserrer progressivement et vers 18h. 45, le 130° sera complètement encerclé par la jonction des forces ennemies au Moulin de Laffaux, en arrière du P. C. du régiment.
Comme la veille, toutes ses attaques sont précédées et accompagnées par de violents bombardements d'artillerie, de minen et d'avions, ceux-ci se succèdent parfois par groupes de 20 et prennent violemment à partie les batteries d'artillerie qui cependant continuent à appuyer le régiment de leurs tirs toute la matinée (2).
Comme la veille aussi, l'avion de reconnaissance ennemi survole en permanence le secteur sans être inquiété ; toutefois, il est abattu dans la matinée par 2 avions amis faisant une apparition éphémère, mais il est remplacé une heure après.
Récit qui suit ne peut décrire en détail les vaillants combats livrés par les différentes unités du 130°, mais donne seulement un résumé des principaux événements de cette dramatique journée.
(1) 5 divisions allemandes attaquent les 2 divisions de notre corps d'armée.(2)En 2 journées de combat, l'artillerie de la division a tiré 20.000 obus sur les objectifs ennemis : points de passage sur l’Ailette, colonnes ennemies, chars et engins motorisés.---------------------
Evénements principaux, Jusqu'à 16 heures
FRONT-EST
(Quartiers des 2° et 3° bataillons et arrières de la position du R.I.)
Après quelques attaques locales commencées dès 3 h. 45, l'ennemi déclenche à 8 h. 15 une attaque d'ensemble sur un front de 3 km. depuis le cimetière de Vaudesson jusqu'à la cote 191 (secteur du 97° R. I. ), après une violente préparation d'artillerie et des bombardements d'aviation.
A droite du régiment, dans le secteur de la D. l. voisine, le bataillon du 12° étrangers, dont la droite a atteint dans la nuit les abords du carrefour de l’Ange-Gardien est rejeté dès le début de la matinée, vers le sud. Une brèche de 2 km. environ s'ouvre ainsi entre la droite du 130° et les éléments du R. I. voisin qui ont conservé leurs positions.
L'ennemi exploitant cette brèche va, à partir de midi, y engouffrer ses forces motorisées et blindées et progresser profondément vers le sud-ouest sur le flanc droit et les arrières du 130°. A 15 heures, il atteint l'Aisne à Missy-sur-Aisne à 15 kilomètres en arrière des premières lignes que le 130° défend encore sur le canal.
Sur le front du 130°, l'ennemi est arrêté en avant de la ligne Point-du-Jour-Eperon ouest de Vaudesson, carrefour de routes OUEST de ce village, lisières SUD et EST des bois du plateau de la Haute-Pie et ne marquera aucun progrès sur ce front dans la journée (1).
Mais au sud de la Haute Pie, la situation va s'aggraver d'heure en heure, l'ennemi exploitant à partir de 10 heures la brèche qu'il a créée dans le secteur voisin. Se renforçant sans cesse, 11 attaque face à l'ouest en direction du Moulin de Laffaux par les ravins situés au nord et au sud de la grande route Ange Gardien-Mou lin de Laffaux, en arrière des positions tenues par le régiment, afin de l'encercler.
Faute de réserves à opposer à l'adversaire dans cette région, celui-ci ne se heurte qu'à des éléments trop faibles et isolés, ne pouvant lui offrir une résistance prolongée.
L'escadron moto du G. R. C. A. 13 qui défend le carrefour del' Ange Gardien est débordé de tous côtés. Réduit à une vingtaine de cavaliers après les pertes éprouvées (dont le capitaine blessé), il est bousculé vers 9 heures et se replie
Pour reprendre ce point important, le commandant du 130° R. I. engage vers 10 heures, deux sections de chars R. 35 qu'il a obtenus de la D. I. au cours de la nuit. Mais après avoir occupé ce point et en avoir nettoyé les abords en faisant subir à l'ennemi des pertes importantes, tous ces chars sont détruits par les nombreux canons antichars que l'ennemi a amenés en toute hâte derrière des camions.
Aux abords des fermes Mennejean et Fruty, l'ennemi est arrêté toute la matinée par les mitrailleuses protégeant les deux batteries de 75 appuyant le régiment et par le tir de leurs canons débouchant parfois à zéro. Mais vers 13 heures ces batteries étant très éprouvées par Les bombardements, ayant perdu leurs deux capitaines tués, et risquant d'être capturées, le commandant de groupe leur donne l'ordre de se replier, après avoir fait sauter les pièces.
A partir de 13 h. 30, le 130° est privé de tout soutien de son artillerie, et l'ennemi trouve le champ libre dans toute la zone située à l'Ouest et au Sud-Ouest de L'Ange Gardien,
Pour faire face à cette situation grave, des éléments sont prélevés sur ceux déjà trop faibles assurant la défense rapprochée du P.C. du R. I. (près de la ferme La Motte) pour défendre le carrefour du Moulin de Laffaux, nœud important de communication avec la division que l’ennemi tient sous son feu à partir de midi, heure à laquelle le commandant du 130° renvoie à l'arrière le drapeau du régiment pour qu'il ne tombe pas aux mains de l'adversaire.
D'autre part, vers 16 heures, le commandant du R. I. donne l'ordre, après avoir obtenu l'autorisation de la D. I. de faire replier tous les éléments qui tiennent encore le long du canal et dans la forêt de Pinon (trois compagnies, plusieurs sections de mitrailleuses et une section de chars), car la défense du canal ne présente plus aucun intérêt.
Ce mouvement doit permettre de diminuer le front tenu, de reconstituer des réserves, de renforcer la ligne d'arrêt et de faire face aux attaques ennemies venant de l'arrière.
Avec ces moyens, il paraît encore possible d'empêcher l'ennemi de réaliser l'encerclement du R.I. avant la nuit, d'autant plus que le dernier motocycliste revenant du P.C. de la D. I. vers 15 h. 30, rapporte le renseignement qu'une contre-attaque va être déclenchée dans la soirée, pour dégager le régiment (2).
(1)Dans le courant de l'après-midi, plusieurs éléments ennemis qui tentent de franchir le carrefour des routes ouest de Vaudesson, sont pris sous nos feux: Motocyclistes qui laissent 2 machines entre nos mains, engins motorisés 'qui font demi-tour, et enfin une voiture de tourisme dont le chauffeur, un sous-officier, est blessé et le passager, un capitaine, tué, celui-ci était porteur de documents intéressants; indiquant .en particulier que son unité venait de la région de Dunkerque.(2)Le 3° bataillon du 159 R. I. A, arrivé en camions vers midi près de Soissons, était prévu initialement pour remplir cette mission. Arrivé vers 17 h. 45, à 1 kilomètre nord du Pont Rouge (3 kilomètres sud du Moulin de Laffaux), il tient ce point et fait face aux colonnes d'infanterie ennemie qui, sur son flanc droit, descendent sur Vregny. Il se replie vers 19 heures sur ordre de la division.---------------------
FRONT -OUEST
Quartiers du 1er Bataillon du 130° R.I. et du 7° B. C. A.
A partir de 3 h.45, l'ennemi déclenche une très violente préparation d'artillerie, sous laquelle tombe la contre-attaque du 7° B.C.A. qui échoue avec de lourdes pertes. Seuls, quelques faibles éléments peuvent atteindre le canal et combattront isolés dans Pinon.
Vers 5 heures, l'ennemi lance sur tout le front de la tête de pont de Pinon son attaque qu'il va continuer toute la journée sur l'axe Pinon - cote 154 - Moulin de Laffaux.
A la lisière ouest de la forêt de Pinon, il accentue sa pression sur la 2° compagnie qui maintient ses positions.
Dans Pinon, après plusieurs attaques infructueuses, il encercle le village par l'ouest, le nord et à partir de midi par le sud. Vers 16 heures, il réussit à pénétrer dans le quartier du Pavier au sud de l’Église, mais il ne peut déboucher du village vers l'est ni entamer la vaillante résistance du P. A. P. C. de la 3°Compagnie qui tient toujours près de la Station.
Plus à gauche sur l'éperon de la côte 154, le 7° B. C.A. et des éléments du 130° soutiennent toute la journée de très durs combats contre un ennemi très supérieur en nombre qui les attaque de front et de flanc par le vide qui, dans le ravin boisé d’Ailleval, nous sépare du 102e R. I. Ils luttent pied à pied dans un terrain boisé, mais sont refoulés peu à peu : le 7e B. C. A. vers le sud, et la section du lieutenant Londaitsbehere au sud de Pinon, ou cet officier est tué vers 16 heures alors qu'il se défend encore héroïquement à la tête d'une poignée d'hommes. Toutefois, sur les pentes nord de la cote 154, le P. A. du sergent-chef Nivet, renforcé d'une section du 7e B. C. A. encerclé depuis le matin, résiste à toutes les attaques.
Evénements principaux, à partir de 16 heures.
ENCERCLEMENT DU REGIMENT
A partir de 16 heures, la situation devient de plus en plus critiques. Les événements se précipitent, car l’ennemi redouble ses efforts pour achever l'encerclement' du RI. et emploie les moyens les plus déloyaux et révoltants pour en précipiter la réalisation : utilisation de prisonniers français comme écran protecteur devant ses troupes, ainsi que pour porter son matériel et ses munitions, soldats allemands revêtus d'uniformes français et amenés derrière nos lignes.
Sur les arrières de la position du régiment (région Ange- Gardien, Moulin de Laffaux et abords du P. C. R. I.), l'ennemi qui se renforce accentue sa manœuvre d'encerclement en direction du Moulin de Laffaux.
Vers 16 heures, alors que les fantassins allemands, qui se sont infiltrés à travers les bois et les hautes cultures de chaque côté de la grande route venant de l’Ange-Gardien ne sont plus qu'à quelques centaines de mètres du carrefour du Moulin de Laffaux, une automitrailleuse suivie de quelques moto- cyclistes pousse jusqu'à 100 mètres de ce point, où ils sont arrêtés par le tir du canon de 25 de la défense du P.C.R.I. qui interdit cette route. Vers 17 heures, un bataillon ennemi est amené en camion entre les fermes Vaurains et Fruty, et fait protéger son débarquement face à l'ouest par un écran de prisonniers français.
Vers h même heure, une vingtaine de soldats allemands commandés par un officier, revêtus de capotes françaises et coiffés de notre casque arrivent dans un camion découvert au carrefour du Moulin de Laffaux par un chemin venant de Nanteuil-la-Fosse.
Parvenus aux abords du village de Laffaux, ils sautent des camions et, démasquant leur, supercherie, ouvrent le feu après avoir enlevé capotes et casques français.
Toutes ces troupes prenant à revers les positions tenues par le R. I. et l'ilot de résistance constitué par le P. C. R. I. près de la ferme La Motte, parviennent à faire leur jonction vers 18 h. 45 au Moulin de Laffaux, avec les troupes venant de la région de Pinon.
Celles-ci sont en effet parvenues à s'emparer de la cote 154, puis à rejeter vers le sud le 7e B. C. A., très éprouvé par les durs combats soutenus depuis le matin.
Par la brèche ainsi créée avec le régiment voisin, l'ennemi, dont certains éléments arrivant en colonnes par trois, poussent devant eux des prisonniers français, atteint vers 18 h. 30 la ferme La Motte, où il se heurte à la défense du P.C. du R. I. tandis que d 'autres éléments qui trouvent le champ libre atteignent vers 18 h. 45 le carrefour du Moulin de Laffaux et Laffaux.
Vers 19 heures, l'encerclement du R. I est complet, sauf un petit détachement qui, installé au carrefour du Moulin de Laffaux, ne peut s'y maintenir faute de munitions, et arrive à se dégager et à se replier sur Soissons.(1)
(1)Vers la même heure, le P.C. d'un colonel d'infanterie allemand est installé à la ferme Mennejean (déclaration du commandant Granger, cdt le groupe d'artillerie, fait prisonnier à Chivres vers 16 heures, et qui a été conduit à cette ferme).1) Le point d'appui du P.C. de la 3° compagnie près de la station de Pinon, encerclé depuis la veille, lutte jusqu'à 22 heures. Pour en finir, l'ennemi a mis le feu à toutes les maisons des environs et s'est approché de la maison qui lui résiste toujours, en poussant devant lui une trentaine de prisonniers français du 7° B. C. A., dont quelques-uns sont attachés par un nœud coulant autour du cou et qu'il force à crier « Français ne tirez pas! »
Lorsque la petite garnison tombe aux mains des Allemands, ceux-ci, furieux d'une si longue résistance qui leur a coûté cher, agissent avec la dernière brutalité, frappent des prisonniers, leur crachent au visage et blessent même à coup de baïonnette le lieutenant Jacquin, commandant la 3° compagnie et le sous-lieutenant Pichot.
Puis ils alignent les prisonniers le long d'un mur et, par deux fois, font le simulacre de les fusiller.
2) Un autre P. A. de 1re compagnie renforcé par une section du 7° B. C. A. installé sur les pentes boisées à l'ouest de Pinon est encerclé depuis le matin. Il a été attaqué en vain dans la journée, à plusieurs reprises par l'ennemi, auquel il a fait sept prisonniers dont deux officiers ; mais il est obligé aussi de cesser le combat vers 20 h. 30, après un dernier assaut, en masse de l'ennemi et une résistance de 40 heures.
3) Le P. C. du R. 1. à 600 mètres au nord du Moulin de Laffaux, encerclé à partir de 18 h. 45, est attaqué aussitôt par l'ennemi, de trois côtés.
Secrétaires, dactylos, radios, téléphonistes, pionniers, observateurs, motocyclistes régimentaires, conducteurs de chenillettes, tout est mis en ligne par le commandant du régiment, avec leurs modestes fusils ou mousquetons, certains même avec un révolver seulement, pour renforcer la valeur d'une petite section qui défend le P.C. avec quelques fusils mitrailleurs.
Les attaques sur le P. C. R. I. venant du nord et de l'ouest échouent, mais l'attaque la plus forte a lieu sur la face sud après un violent bombardement de minen bien ajusté, qui cause des pertes sensibles. Pour cette dernière attaque, l'ennemi utilise de nouveau des prisonniers français qu'il a capturés quelques instants auparavant (l'officier de renseignements et 5 soldats), comme écran protecteur et les force à rester pendant une heure debout, les bras levés, devant le minen qui tire sur les défenseurs du P.C. R.I., puis, il oblige ensuite l'officier de renseignement à transporter des munitions pour ravitailler ce canon.
A la suite de cette attaque, un groupe défendant le P. C. à la lisière d'un bois est pris à revers et fait prisonnier vers 20 h. 30, mais le reste de la défense du P. C. R. I. ne peut être entamé.
4) Enfin, le plus important centre de résistance est constitué par les débris des 3 bataillons, qui ont concentré leur défense à la lisière sud des bois de la Haute Pie et sur l'éperon allongé qui s'étend du sud de Pinon à l'ouest de Vaudesson.
A partir de 18 h. 30, la défense de ces positions est renforcée par les unités qui, conformément à l'ordre reçu à 17 heures, se sont repliées de la forêt de Pinon, par le seul couloir étroit non battu par les feux adverses, le coude de la route Pinon-Vaudesson. Ce centre de résistance fait face à tous les assauts de l'ennemi, qui continue à resserrer son étreinte dans la soirée, autour de cette position en prononçant des attaques concentriques et tente de déboucher : de Pinon vers l'est, de la cote 148 vers le sud ; du front Point du Jour-Vaudesson vers l'ouest et enfin du plateau de la Haute Pie, vers le nord.
Cependant, au début de la nuit, l'ennemi parvient à s'infiltrer dans les bois, au sud de la route Pinon-Chavignon, et à prendre pied en quelques points sur l'éperon à l'ouest de Vaudesson.
Des blessés ne peuvent rejoindre le poste de secours et des corvées venues se ravitailler en munitions près du P. C. du 2e bataillon sont accueillies par des coups de feu.
Lorsque la nuit tombe, les fusées blanches ennemies s'élèvent tout autour des ilots de résistance, et loin vers l'arrière, marquant bien ainsi l'encerclement complet du régiment. Les villages de Pinon, de Laffaux et la ferme La Motte près du P. C. du R, I., incendiés par l'ennemi sont en flammes et éclairent d'une lueur sinistre le champ de bataille.